Le fourrage et ses alternatives au centre de la 11éme édition de l'EEHNC - Le Point Vétérinaire.fr

Le fourrage et ses alternatives au centre de la 11éme édition de l'EEHNC

Irène Tosi

| 09.05.2023 à 11:32:00 |
© Irène Tosi

La 11ème édition de l’European Equine Health and Nutrition Congress s’est déroulée à l’Université de Gand du 23 au 25 mars 2023. Ce congrès réunit tous les deux ans des vétérinaires équins venant de toute l’Europe, des scientifiques, des étudiants et des professionnels de l’industrie et de la nutrition équine.

Le thème clé de la 11ème édition de l’European Equine Health and Nutrition Congress 2023 (EEHNC) était « Fiber first » mais les fibres étaient déjà à la une de l’édition 2021. Ce thème étant très vaste, il a été décidé de l’amplifier lors de la 11ème édition du congrès, qui a lieu à l’Université de Gand du jeudi 23 au samedi 25 mars 2023. Une session plénière, mais aussi plusieurs workshops étaient organisés autour des thèmes : les plantes toxiques ; comment calculer une ration ; mises à jour en termes de législation sur les compléments alimentaires ; modèles de recherche in vitro.

De l’Equine Grass Sickness ...

La première journée de ce congrès a été introduite par la conférence du Professeur Chris Proudman (Université du Surrey, Angleterre) qui a montré les résultats des recherches récentes portant sur certaines affections liées au pâturage et en particulier sur l’Equine Grass Sickness (EGS), une maladie généralement fatale chez le cheval, d’étiologie encore inconnue et privée de remèdes préventifs efficaces ou de traitement. Le professeur Proudman a discuté les perturbations métaboliques qui caractérisent l’EGS, et qui pourraient être utilisées à titre diagnostic dans le futur, ainsi que les résultats d’une étude sur la vaccination contre la toxine C de Clostridium Botulinum. Les données ne montrent pas d’effet protecteur de ce vaccin et remettent en doute l’hypothèse courante sur l’implication de ce Clostridium et de sa neurotoxine C dans l’étiologie de l’EGS.

Les autres orateurs de la journée étaient principalement le Dr. Caroline Loos (Université du Kentucky) et le Prof. Ingrid Vervuert (Université de Leipzig). Docteur Caroline Loos a centré sa présentation sur le thème des protéines comme source d’aminoacides essentiels et de comment des protéines de meilleure qualité (par exemple les produits à base de soja) comparées à des protéines de qualité inférieure (par exemple pellets de luzerne alfalfa) ont un effet plus efficace sur la croissance et le développement musculaire.

Professeur Ingrid Vervuert a discuté les moyens de récolte, de préservation et de gestion de différents fourrages et d’aliments alternatifs et complémentaires afin de réduire la perte de nutriments sur le champ, d’améliorer l’hygiène, et surtout de limiter la surconsommation et le gaspillage surtout à la lumière des réductions entrainées par le changement climatique.

... aux « Omics »

Les thèmes de la journée de vendredi étaient dédiés d’un côté aux « Omics » et de l’autre aux outils technologiques employés en nutrition et santé équine. Concernant le premier sujet, le Professeur Proudman a présenté une étude sur le microbiote chez des poulains et de comment la diversité des microorganismes intestinaux à un mois d’âge est associée à des issues pathologiques par la suite dans leur vie. Dans le même esprit, il a lancé un signal d’alerte sur l’utilisation d’antibiotiques, qui sont connus pour leur effet de suppression de la diversité de la flore microbienne, en termes d’impact de ces molécules sur la santé à long terme de ces animaux. L’effet des antibiotiques a été aussi souligné par le Dr. Mathijs Theelen et le Dr. Roosmarijn Luiken de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas) qui ont montré leur effet à long terme sur la composition du microbiote fécale et sur le résistome. Des stratégies nutritionnelles qui pourraient influencer la composition de la flore microbienne et améliorer la santé intestinale ont été exposées.  

Pour terminer, le Professeur Vervuert a mis en évidence que la concentration de certains éléments et minéraux dans le sang du cheval ne reflète pas l’apport nutritionnel, exception faite pour le Sélénium. Egalement, l’analyse des minéraux dans les crins n’est pas une mesure fiable de cet apport. De plus, ce type d’analyse sur crins varie significativement entre laboratoires, avec des résultats qui sont parfois contradictoires (apport excessif ou insuffisant selon le laboratoire). Dans son message à retenir ou « Take Home Message », elle a rappelé l’importance de l’analyse de la ration et du fourrage comme étant l’approche la plus efficace pour assurer un apport en minéraux adéquat au cheval.

Irene Tosi, DMV, PhD, Centre de Médecine Sportive, Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Liège, Belgique, Membre du comité scientifique du European Equine Health and Nutrition Congress

Irène Tosi

Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.