Le lapin sauteur a fêté ses 86 ans au Congrès Mondial de Cuniculture de Nantes ! - Le Point Vétérinaire.fr

Le lapin sauteur a fêté ses 86 ans au Congrès Mondial de Cuniculture de Nantes !

Samuel Boucher

| 12.01.2022 à 12:44:00 |
© Samuel Boucher

Le Congrès s’est tenu à Nantes du 3 au 5 novembre 2021, sous un format hybride, en présentiel et à distance. Le Lapin Sauteur d’Alfort a fait l’objet d’une communication.

L’ASFC (Association Scientifique Française de Cuniculture) et l’INRAE se sont associées à la WRSA (World Rabbit Science Association) pour organiser le 12ème Congrès Mondial de cuniculture à la Cité des Congrès de Nantes du 3 au 5 novembre 2021 dans un format hybride alliant présentiel et distanciel. Ce congrès a pour objectif de partager les résultats de recherche obtenus à travers le monde. Toutes les disciplines sont couvertes. Plusieurs thématiques ont été abordées. Parmi elles, les participants, en particulier ceux et celles ayant fréquenté l’école nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA) avant 1991, ont pu découvrir le fin mot de l’histoire du lapin sauteur.

Ce curieux lapin à la démarche singulière avait été confié à la Fédération Française de Cuniculiculture par le professeur Courreau de l’ENVA il y a maintenant 31 ans. A cette époque, 12 lapins (dont 6 stériles) ont été confiés à 6 éleveurs. Tous ont signé une charte s’engageant à élever bénévolement le lapin et à le mettre gratuitement et exclusivement à disposition des chercheurs. Parallèlement, la Fédération a mis en place un certain nombre de partenariats avec différents instituts de recherche pour permettre une meilleure connaissance de l’anomalie. Depuis cette date, le lapin sauteur d’Alfort a disparu de l’école. Et c’est seulement en 2021, 86 ans après sa découverte en 1935, que son génotype a enfin été découvert par une équipe française, portugaise et suédoise. Cette découverte a « fait le buzz » avec près de soixante articles publiés en près de vingt langues en quelques jours.

Fin du mystère 

Sa démarche est particulière et acrobatique. Lorsqu’il veut aller vite ou qu’il est quelque peu stressé, le lapin fait appel à la bipédie, soulevant son train arrière-train et marchant en « faisant le poirier ». En outre, il est aveugle de naissance, victime d’une rétinopathie héréditaire et il développe une cataracte bilatérale également héréditaire à l’âge adulte. Plusieurs types d’anomalies oculaires (cataracte, dysplasie rétinienne, hypertrophie de l’épithélium pigmentaire, colobome papillaire, réduction du réflexe pupillaire, luxation du cristallin, glaucome) avaient été décrites par nos confrères Theret (1961), Plassiart (1996), Schmitt Morand et Simon Mennerat (2003). Le professeur Letard en 1943 avait mis en évidence la présence d’un gène récessif par rapport au caractère normal (rebaptisé après la régénération de la lignée « sam » pour « sauteur d’Alfort moderne ») mais une grande question demeurait : est-ce le même gène qui code pour les anomalies oculaires et les anomalies de locomotion ? Les études menées ces dernières années ont permis de mettre en évidence, en utilisant une combinaison de croisements expérimentaux réalisés en France et le séquençage du génome, qu'un seul locus contenant le gène bêta du récepteur orphelin lié au ROR (RORB) explique la démarche atypique de ces lapins. Une mutation du site d'épissage dans un site évolutif conservé de RORB entraîne plusieurs isoformes de transcription aberrantes incorporant des séquences introniques. Cette mutation entraîne une réduction drastique des neurones RORB-positifs dans la moelle épinière, ainsi que des défauts de différenciation de la population d'interneurones exprimant DMRT3, qui sont connus pour jouer un rôle essentiel dans la régulation de la marche à travers les espèces. Les anomalies rétiniennes et locomotrices seraient dues à un seul et même mécanisme de développement imparfait du système nerveux.

Une vidéo sur la locomotion du lapin sauteur d’Alfort est visible sur :

https://doi.org/10.1371/journal.pgen.1009429.s006

350 participants de 30 pays

Parallèlement au congrès, l’ordre des Chevaliers de la Rabouillère et du Clapier, confrérie
vantant la consommation de la viande de lapin, a organisé un concours durant lequel six
restaurants nantais ont organisé « La route du lapin » qui a permis aux participants de
découvrir des recettes innovantes proposées par ces restaurateurs.

Le congrès mondial de cuniculture est organisé tous les quatre ans quelque part dans le monde. En France, le dernier congrès remonte à 1996, à Toulouse ! Cette année à Nantes, 350 personnes venant de plus d’une trentaine de pays étaient présentes. La ville n’a pas été choisie par hasard : en effet, présent sur l’ensemble du territoire national, l’élevage cunicole est particulièrement important dans le Grand Ouest avec près de la moitié des ateliers située en Pays de la Loire.

La filière cunicole française, compte aujourd’hui 700 élevages naisseurs-engraisseurs en activité, 39 000 tonnes de viande de lapin produites. La filière est très organisée, avec 90% des éleveurs adhérents à une organisation de production. La France est le 2ème pays producteur européen après l’Espagne, et le 3e mondial après la Chine et l’Espagne.

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Pour plus d’informations : https://colloque.inrae.fr/wrc2020.

Vous pourrez aussi retrouver les synthèses des communications de chaque thématique faites par un duo « chercheur/ professionnel du terrain » lors des journées « Ombre et Lumière » qui se dérouleront le 17 mars à Nantes à la Cité des Congrès. Renseignements à ASFC (http://www.asfc-lapin.com).

Samuel Boucher

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