Apparue discrètement sur le marché vétérinaire français il y a 8 ans, la laserthérapie fait l’objet d’un engouement croissant. Complémentaire voire alternative aux traitements classiques dans de multiples indications, elle bénéficie d’une image positive et moderne auprès des propriétaires. Elle pourrait même révolutionner la prise en charge de l’arthrose canine et s’inscrit dans la médecine personnalisée du futur.
« Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si la laserthérapie fonctionne, mais de savoir quel appareil choisir et comment l’intégrer dans une prise en charge actualisée de la douleur ». Cette position tranchée de Thierry Poitte, titulaire d’un DIU douleur et formateur CAPdouleur auprès du distributeur Mikan, qui y a recours avec succès de façon quotidienne depuis 5 ans, traduit l’évolution des pratiques vétérinaires depuis l’arrivée sur le marché français du premier laser médical vétérinaire, en 2009. Un avis partagé par Roberta Burdisso, diplômée CCRP (Certified Canine rehabilitation practitioner) de l’Université du Tennessee, consultante en physiothérapie, kinésithérapie, laserthérapie, vice-présidente du Gerep de l’Afvac et formatrice pour AsaVet. Elle a été l’une des premières à s’équiper en France en 2011, et constate depuis environ 3 ans une montée en puissance de l’intérêt des praticiens pour cette technique, avec de plus en plus d’inscriptions aux formations dédiées et un relais aisé auprès des confrères pour le suivi des traitements qu’elle initie. La société Mikan, qui distribue en France les équipements de cinq fabricants, et a, à ce jour, équipé près de 300 cliniques françaises, belges et suisses constate également une nette augmentation des demandes d’équipement.
L’inflammation du système locomoteur, indication majeure
Il faut dire que ses atouts ont de quoi séduire : propriétés thérapeutiques antalgique, anti-inflammatoire, cicatrisante, effets rapides, risques nuls si employés à bon escient, acte vétérinaire à haute valeur ajoutée, fidélisation de la clientèle (indications sur les affections chroniques), dispositif bénéficiant d’une image moderne et différenciante auprès d’une clientèle en demande de thérapies complémentaires voire alternatives à la médecine traditionnelle… La thérapie laser serait-elle donc une thérapie désormais incontournable ? Pour Roberta Burdisso, son recours se justifie pour la plupart des phénomènes inflammatoires musculo-squelettiques. Pour Thierry Poitte, son intérêt majeur est la prise en charge de l’arthrose dans une approche multimodale et surtout pluridisciplinaire. Cette affection représente 90% de son utilisation, avec une efficacité chez le chien dans 90% des cas d’arthrose coxo-fémorale–moins dans les autres zones (75 % pour le grasset, 66 % pour le coude), selon son expérience. « C’est aussi un complément intéressant lors d’arthrose féline car les séances sont efficaces, courtes et bien supportées par le chat », souligne-t-il.
Un service à haute valeur ajoutée
Mais au-delà de cette efficacité, c’est « son caractère innovant, perçu comme tel par les clients, qui en fait une approche moderne des douleurs arthrosiques », qu’il met en avant. Au point d’autoriser une nouvelle approche dans leur prise en charge, sur-mesure pour l’animal, avec à la clé des suivis au long-cours qui permettent d’affiner le traitement (ex : ajout d’amantadine en cas d’apparition d’hyperalgésie ou d’allodynie). Dans l’expérience de notre confrère, 80 % des propriétaires des chiens arthrosiques acceptent le principe d’une séance mensuelle après la constatation d’effets positifs. A condition de faire évoluer le discours sur la maladie, d’impliquer les propriétaires (alliance thérapeutique), de mesurer les résultats (par exemple avec des scores de boiterie ou l’application Dolodog®), de proposer un nouveau cadre (consultation douleur), de remettre une documentation. Concernant la tarification du service, « il existe une corrélation entre la haute valeur perçue de la thérapie laser, intégrée dans une consultation douleur et l’acceptation d’un prix majoré », explique notre confrère. Le laser, outre son efficacité, se révèle donc aussi un investissement rentable (tarif moyen pratiqué d’une quarantaine d’euros, avec, selon Mikan, une utilisation possible chez 70 % des patients).
Extrait d’un article à paraître dans La Semaine Vétérinaire n° 1787 en pages 56 à 62, du 30/11/2018
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