Exceptionnel, le masitinib (Masivet®), premier anticancéreux pour chiens de l’histoire de la médecine vétérinaire, l’est à plus d’un titre. AB Science annonce actuellement, à travers un cycle de quatre réunions, sa commercialisation prochaine “en direct” (hors centrales), à un coût sélectif, pour le traitement des mastocytomes cutanés (en dehors des cas bénins de grade I).
Exceptionnel d’abord par son mode d’action, dit de « thérapie ciblée ». Car le masitinib n’est pas un cytotoxique. Son objectif n’est donc pas de détruire au plus vite les cellules cancéreuses qui progressent. Il s’agit d’un inhibiteur de tyrosine kinase (c-kit), une nouvelle classe d’anticancéreux dont le premier représentant (l’imatinib) n’est autorisé que depuis 2001 en médecine humaine. Ces molécules inhibent spécifiquement et sélectivement cette enzyme de prolifération cellulaire. Elles reprogramment les cellules visées, en l’occurrence les mastocytes chez le chien, et induisent leur apoptose « comme pour toute cellule non cancéreuse ». Avec cette nouvelle approche de thérapie ciblée,ces molécules non cytotoxiques mieux tolérées sur le long terme – elles sont d’ailleurs destinées à être administrées sans interruption tant que la réponse clinique est satisfaisante – deviennent aussi faciles d’emploi et sans précaution majeure pour l’entourage ou l’utilisateur.
Exceptionnelle, la start-up parisienne à l’origine de ce développement, AB Science, l’est aussi. Elle a été fondée en 2001 autour de ce traitement de la mastocytose chez l’homme, avec une AMM “humaine” espérée pour fin 2010. Pour une fois, c’est donc le chien qui inaugure les molécules révolutionnaires réservées aux hôpitaux ! En fait, les mastocytomes cutanés des chiens se révèlent un bon modèle de pathologie comparée avec la mastocytose chez l’homme.
E Vandaele
Extrait de La Semaine Vétérinaire 1363