Chaque mois, notre consœur Marie Gasnier (A 18) nous fait partager ses expériences de jeune praticienne. A quelques heures de Noël, elle nous livre ses souvenirs de ce mois particulier.
Comme en médecine humaine, chaque saison est couronnée par ses « spécialités » médicales. L’intoxication au chocolat en est une. La période de Noël approchant à grands pas, chaque foyer se pare de décorations variées et les placards regorgent de friandises et de sucreries. Les tables basses sont envahies de bondieuseries, de figurines miniatures et de bonbons emmitouflés dans des papiers bigarrés et froufroutants. L’ambiance festive est propice à un relâchement de la surveillance des animaux de compagnie leur permettant ainsi de faire traîner leurs truffes à hauteur de table et de satisfaire leur gourmandise. C’est pourquoi il est fréquent de faire face à une recrudescence d’intoxications au chocolat pendant les fêtes. La toxicité est bien évidemment dépendante de la dose, néanmoins la raison et la modération ne sont point les alliés des chiens.
Je me remémore l’appel d’une propriétaire affolée, un soir de garde, son chien ayant englouti l’intégralité de la tablette de chocolat noir, emballage compris. Rendez vous pris, quelle surprise lorsqu’elle arriva avec, non pas un, mais trois beaux et sémillants labradors noirs bondissants au bout de leur laisse. La propriétaire avait tout simplement omis de préciser que ne sachant pas qui était le fautif, elle avait été contrainte de m’emmener les trois comparses. Nullement impressionnés, ils s’avancèrent vers moi avec leurs queues remuantes, leurs langues rosées pendantes enrobées de bave et haletant de plaisir après cette balade nocturne imprévue. Aucun ne semblait vouloir se dénoncer, il allait falloir ruser.
Après avoir écouté le récit circonstancié de l’incident, à savoir que la tablette de chocolat présente initialement sur la table basse s’était mystérieusement volatilisée, la propriétaire, ne croyant pas au miracle de Noël, avait opté pour une visite chez le vétérinaire de garde. Je commençai donc un examen clinique approfondi et minutieux, tel Sherlock Holmes à la recherche d’un indice me mettant sur la piste du glouton. Leur forme olympique et leur solidarité qui les liait me força finalement à utiliser un vomitif en injectable pour aider le coupable à recracher son butin chocolaté.
Nous voilà alors, la propriétaire et moi-même, le dos courbé, les mains gantées, nous retrouvant à déambuler et à examiner les vomissures respectives de chacun. Le gourmand fut démasqué et tiré d’affaire. Son état physique ne nécessitant aucunement une hospitalisation, la propriétaire repartit, laissant néanmoins derrière elle des flaques de vomis et une somme certaine. La morale de cette histoire ? Ne jamais sous estimer la gloutonnerie de ses animaux.