Dans le cadre du programme de recherche européen COST, le collectif MedPlants4Vet, créé en 2023, ambitionne de collecter un large panel de données sur l’utilisation des plantes médicinales en médecine vétérinaire.
La question des médicaments vétérinaires à base de plantes médicinales (MVPM) avance, avec un tout nouveau projet de recherche lancée cette année dans le cadre du programme européen de soutien à la recherche COST. Porté par le collectif MedPlants4Vet, créé en 2023, ce projet regroupe plus de 46 pays européens et extra-européens qui collaboreront pendant quatre ans (2024 à 2027), afin de collecter un large panel de données sur l’utilisation des plantes médicinales en médecine vétérinaire, incluant notamment des données scientifiques et réglementaires. L’enjeu est de construire un vaste réseau européen de chercheurs et d’utilisateurs de plantes médicinales en médecine vétérinaire, et d'à appuyer les futures évolutions réglementaires pour une utilisation des plantes médicinales dans un cadre scientifique et réglementaire approprié.
La France participe activement à ce collectif avec des membres du RéPAAS (Réseau de phyto-aromathérapie de l’AFVAC, AVEF, SNGTV), de l’Agence Nationale du médicament vétérinaire (ANMV) ou de l'institut de recherche agronomique INRAe, dans chacun des groupes de travail du collectif.
Six groupes de travailLe projet MedPlants4Vet est structuré en six groupes de travail (GT), chacun ayant des missions spécifiques : la réglementation ; le recensement des produits historiques ou encore disponibles ; les connaissances ethno-vétérinaires ; la qualité et la sécurité des médicaments vétérinaires à base de plantes ; les stratégies réglementaires ; et enfin la compilation et la diffusion des données.
Le GT sur les connaissances ethno-vétérinaires est le plus grand du collectif, avec 235 participants, dont des ethnobotanistes et des anthropologues. Il doit identifier et cataloguer toutes les potentielles sources d’information, allant des livres anciens, aux archives locales en passant par les publications ethnobotaniques. Une collecte de données terrains auprès des populations utilisatrices des plantes médicinales, comme par exemple les éleveurs qui pratiquent l’agriculture biologique, doit également être organisée. Dans leur ligne de mire : la création d'une large base de données numérique qui facilitera l'accès à ces informations pour les générations futures. La Fibl, organisme d’agriculture biologique en Suisse à l’origine de ce collectif, avait déjà effectué et publié ce type de travaux.
Lever les obstacles réglementairesParmi les autres GT, celui sur la réglementation doit analyser, comparer et clarifier les cadres règlementaires afin d’identifier les éventuels obstacles à une évolution adaptée de ces réglementations, comme par exemple, la nécessité de fournir des études d’efficacité, ou des processus d’autorisation trop complexes. Il pourra ainsi proposer des recommandations permettant de favoriser l’intégration des MVPM. La constitution d’une base de données règlementaires pourra contribuer à l’établissement d’un cadre juridique cohérent et harmonisé afin de faciliter l’accès aux MVPM pour les vétérinaires, les éleveurs et les propriétaires d’animaux dans tous les pays d’Europe. Une réglementation claire et favorable favorisera également les recherches et les innovations dans ce domaine. La rédaction d’un rapport détaillé avec des propositions de modifications législatives pourra ainsi être soumis aux décideurs politiques et aux organismes de réglementation en mettant en avant des recommandations concrètes pour une harmonisation des réglementations.
Une recherche de durabilitéCe travail sur la réglementation fait écho au très faible nombre d'enregistrements de médicaments vétérinaires à base de plantes au sein de l’Union européenne. À titre d'exemple, seuls deux produits à base de plantes bénéficient d'une AMM pour les animaux producteurs de denrées en France (Cothivet® et ApiLife Var®). Ce faible nombre de produits autorisés est en contraste avec une demande croissante de la part des éleveurs, notamment en agriculture biologique, et des propriétaires d'animaux. Dans ce contexte, il est possible d'avoir recours à des préparations extemporanées (voir le site du RéPAAS) en respectant la cascade, mais sur le terrain, une large majorité de plantes médicinales sont utilisées via des compléments alimentaires de qualité hétérogène, sans que le vétérinaire soit forcément impliqué dans les prises de décisions thérapeutiques.
Un des autres défis du projet sera aussi de proposer des actions en faveur de pratiques agricoles durables pour la culture des plantes médicinales, comme l’agriculture biologique, et la mise en place de cultures axées sur la conservation de la biodiversité. L’impact environnemental de la production et de l’utilisation des médicaments vétérinaires à base de plantes sera évalué en mettant en avant des approches d’économie circulaire, d’optimisation des ressources et de réduction des déchets.
Un site internet est déjà accessible : https://www.medplants4vet.eu/. Il diffusera l’état d’avancement des travaux de chaque groupe de travail, et à l’issu du projet, l’ensemble des bases de données collectées.