Le 8 février 2023, une table ronde organisée au Sénat réunissait des chercheurs, des professionnels du secteur et des entrepreneurs pour débattre des enjeux sociaux et environnementaux relatifs à la viande in vitro.
En plus des auditions réalisées au Sénat le 8 février 2023, un rapport portant sur la mission d’information sur la viande in vitro sera présenté par le sénateur Olivier Rietmann le 8 mars 2023. Ainsi, actuellement la viande in vitro, viande cultivée ou viande artificielle, est notamment produite au Pays-Bas par deux entreprises (Mosa Meat et Meatable). En France, ce sont les deux entreprises Vital Meat et Gourmey, qui entendent se placer sur le marché de la viande artificielle, notamment en développant des produits de qualité comme Gourmey avec le foie gras.
Bientôt sur le marché ?Le secteur connaît un développement rapide à travers le monde depuis la confection du premier steak artificiel à Londres en 2013 avec, actuellement, un investissement important des Pays-Bas, d'Israël et des Etats-Unis dans la recherche sur la viande artificielle. Selon Sophie Primas, présidente LR (les républicains) de la commission des affaires économiques, "bien qu’à l’heure actuelle la viande in vitro ne soit autorisée qu’à Singapour, il semble qu’on approche du passage du laboratoire au site industriel". Pour être commercialisés en Europe, les nouveaux produits alimentaires devront faire l’objet d’une autorisation de la part de la Commission Européenne après avoir été testés par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Toutefois, comme l'a précisé l’EFSA, "actuellement aucun dossier n’a été déposé auprès de la Commission européenne et il n’existe aucun produit de ce genre sur le marché européen".
Des produits sûrs?Bien que les producteurs de viande in vitro affirment que l’EFSA est strict et que la commercialisation ne peut que concerner que « des produits dont la sécurité alimentaire est garantie », de nombreuses interrogations sérieuses sur la qualité de ces aliments persistent. En effet, selon Jean-François Hocquette (Institut National de la recherche agronomique et de l'environnement), "en l’absence de dossier déposé devant l’EFSA, difficile de savoir dans quelle mesure la production de viande in vitro aura recours à des antibiotiques ou des hormones de croissance". De plus, présenté comme un argument phare par les producteurs, la viande cultivée permettrait une réduction exceptionnelle de l’impact environnemental lié à l’élevage. Or, pour Jean-François Hocquette "la production de viande artificielle est un processus consommateur d’énergie, puisqu’il faut porter les incubateurs à température physiologique" alors que, dans le même temps, "l’élevage a un impact environnemental positif, notamment sur les pâturages et la biodiversité" ont rappelés plusieurs sénateurs.