Le virus Nipah suscite des craintes à la suite de décès humains en Inde dans le Kerala. Les autorités indiennes sont en alerte. Rare, ce virus est transmis par les chauves-souris et souligne à nouveau la pertinence d’une surveillance des zoonoses et de l’approche Une Seule Santé (One Health).
Le virus Nipah un inconnu ? Non, ce virus (genre Henipavirus) a déjà sévi en 1998-1999 en Malaisie, provoquant des centaines de cas d’encéphalites humaines (dont une centaine de morts) ; il a été responsable de l’abattage de millions de porcs. Par la suite, des cas ont été détectés à Singapour. A partir des années 2000, le Bangladesh et l'Inde ont aussi été touchés.
Depuis mi-septembre 2023, les autorités sont de nouveau en alerte et ont instauré des campagnes de tests. L’affection est en effet redoutable car les symptômes sont sévères. Le virus a aussi été mis en évidence en Indonésie.
L'indispensable approche One Health
Les chauves-souris frugivores sont porteuses du virus et jouent un rôle de réservoir. Le virus peut être transmis à l’humain par la salive ou l’urine.
L’approche Une Seule Santé permet de mieux appréhender la problématique, et d’une façon pluridisciplinaire. Les populations humaines partagent en effet l’environnement avec les chauves-souris, d’où vient la rupture d’équilibre et le franchissement de barrière d'espèces ?
En 1998-1999, l’épidémie de Nipah a émergé suite au passage du virus via le porc ; les éleveurs ont notamment été contaminés. La déforestation a été incriminée à l’époque car elle a modifié l’habitat naturel des chauves-souris frugivores en les repoussant vers des zones plus proches de l’humain. La proximité peut favoriser la transmission à l’humain.
La contamination alimentaire s'est ensuite révélée comme à l’origine de cas humains mortels. La consommation du jus de palme, avec des techniques de récolte qui favorisent le fait que les chauves-souris venaient boire le jus et le souiller, a été identifiée.
Surveillance de la faune sauvage et des écosystèmes
Il est difficile d’évaluer actuellement le risque de transmission d’humain à humain du virus Nipah. Les foyers semblent être maitrisés par les mesures sanitaires mises en place. En outre, les symptômes de la maladie étant graves, elle ne progresse pas silencieusement avec des cas asymptomatiques.
Cette maladie virale souligne à nouveau la nécessité d’une approche Une seule santé pour la surveillance et l’identification des maladies émergentes, et la pertinence de l’implication des équipes locales pour limiter l’émergence de zoonoses.
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