Dans une publication du 6 juillet 2023, une équipe de chercheurs de l'Institut National de la recherche agronomique et de l'environnement (Inrae) a montré l'intérêt de l’association de bovins et d’ovins dans un système d’élevage allaitant herbager.
Augmenter le niveau de production global tout en réduisant le niveau d’utilisation des intrants (concentrés, antiparasitaires) mais aussi accroître les performances économiques et environnementales et diminuer le niveau de compétition entre animaux et humains pour les ressources alimentaires, sont quelques-uns des avantages de la mise en place de systèmes d’élevages d'ovins allaitants herbagers en association avec des bovins, selon les résultats obtenus par une équipe de chercheurs de l'Inrae.
Une étude de performanceEn effet, en agroécologie l'un des principes fondamentaux est de favoriser la biodiversité par l'association de plusieurs espèces animales pour accroître la multi-performance globale du système d’élevage. C'est pourquoi, dans une étude menée entre 2017 à 2020, des scientifiques de l'Inrae (UMRHerbovores et UE Herbipôle) ont associé des ovins à des bovins (40-60%) dans un système d’élevage allaitant herbager mixte (MIX) avant de comparer ses performances à celles d'un système spécialisé bovin (BOV) ou d'un système spécialisé ovin (OV). Les trois systèmes étaient conduits en agriculture biologique, avec un chargement identique, des surfaces (prairies permanentes) et des animaux initialement similaires. Les mises-bas ont eu lieu à la fin de l’hiver et les veaux ont ainsi été élevés au pâturage à partir de l'âge de 3 mois jusqu'au sevrage en octobre, puis engraissés en bâtiments avec de l'enrubannage, jusqu’à l’abattage à l’âge de 12-15 mois. En ce qui concerne les agneaux, ils ont été élevés au pâturage dès l'âge d’1 mois et, ceux qui n’étaient pas prêts pour l’abattage à la fin de la saison de pâturage, ont été transférés en bergerie avec une ration à base de concentrés. Dans cette étude, les scientifiques ont comparé différentes performances des systèmes d’élevage : zootechniques, économiques (produit brut, charges, marges, revenus), environnementales (émissions de gaz à effet de serre (GES), consommation d'énergie ainsi que le niveau de compétition entre animaux et humains pour l’accès aux ressources alimentaires (feed-food competition).
Des résultats interressantsSelon les résultats obtenus, il semblerait que l'association des deux espèces a bénéficié à l’atelier ovin, avec plus de viande produite et une proportion plus élevée d’agneaux finis à l’herbe dans le système MIX que dans le système OV, grâce à une vitesse de croissance des agneaux plus élevée. La productivité des brebis également a été plus élevée dans le système MIX que dans le système OV tandis que la consommation de concentrés par les ovins a été plus faible dans le système MIX que dans le système OV, de même que le nombre de traitements anthelminthiques. Comme l'ont indiqué les chercheurs, l’association d’ovins et de bovins a donc amélioré l’efficience de l’atelier ovin et elle a également permis de meilleures performances des femelles adultes (poids et état corporel à des périodes clés du cycle de reproduction) et un meilleur développement des femelles de renouvellement, éléments importants pour la résilience des animaux et du système. Par ailleurs, les performances économiques et environnementales ont été plus élevées dans le système MIX que dans le système OV. En parallèle, les scientifiques ont noté que, dans l’atelier bovin, il n’y a pas eu d’effet de la mixité sur la productivité des vaches, sur les performances des veaux, sur les caractéristiques des carcasses et viandes, sur le niveau des intrants utilisés ou sur les performances économiques et environnementales de l’atelier bovin. Cependant, le gain de poids des vaches pendant la saison de pâturage a été plus élevé dans le système MIX que dans le système BOV. Comme l'ont indiqué les chercheurs, à l'avenir, l’analyse des résultats devrait se poursuivre dans une ferme expérimentale située à une altitude ne permettant pas le pâturage hivernal, notamment en ce qui concerne la qualité de la viande d’agneau et l’évolution de la composition floristique des prairies.