Les croquettes sans nitrites, une information qui fait pschitt 

Les médias se sont largement emparés* d’une information selon laquelle les décriés conservateurs à base de nitrites allaient être retirés des aliments pour chiens et chats, alors même qu’ils restent autorisés pour l’alimentation humaine. Cette décision découle d’un règlement européen paru au Journal Officiel de l’Union Européenne retirant du marché certains additifs pour l’alimentation animale, toutes espèces confondues. Jusqu’à maintenant passée inaperçue, cette mise en lumière est le fait du député Richard Ramos (MoDem), qui a créé le buzz en faisant livrer mi-décembre 2023 à l’Elysée un paquet de croquettes pour le chien d’Emmanuel Macron, devant les caméras de Vakita, dénonçant l'absence de prise de décision quant à l'utillisation des nitrites dans l'alimentation humaine.

Si la question de l’utilisation de ces additifs dans l’alimentation humaine reste prégnante, en ce qui concerne le petfood, pour Charlotte Devaux, vétérinaire nutritionniste,  « il s’agit du plus grand non-événement de l’année ». « Le nitrite de sodium n’ayant été autorisé que pour les aliments contenant plus de 20% d’humidité, c’est-à-dire les pâtées, une croquette sans nitrite est juste… une croquette classique. Il n’y a jamais eu de nitrite dans les croquettes. Nemo, le chien d’Emmanuel Macron peut être rassuré pour sa santé », poursuit-elle. « M. Macron peut d’ailleurs le vérifier lui-même, les nitrites étant un additif, leur présence doit être mentionnée sur l’étiquette », rappelle au passage notre consœur, dont le décryptage des étiquettes est l’un de ses chevaux de bataille. « Si la disparition des nitrites dans l’alimentation animale n’a pas fait de vague, c’est pour une raison simple : ils étaient très peu utilisés. Les nitrites sont des conservateurs bien utiles dans les charcuteries pour lutter contre les bactéries, pas très utiles en petfood où la sécurité sanitaire est assurée par la cuisson. Si les industriels ne se sont pas donné la peine de renouveler leur dossier de demande d’utilisation comme additifs, c’est qu’ils n’en avaient pas une utilité majeure. Ils auraient eu plus d’utilité avec l’agar-agar qui a subi le même sort que les nitrites mais suscité beaucoup moins d’émotion », analyse-t-elle.

*Par exemple Le Parisien, Le Monde, France TV, TF1, BFM.