A en croire différentes sorties médiatiques, les aliments industriels pour animaux sont dans le viseur de journalistes et consommateurs. Que répondre aux questions des clients ?
Reportage sur France 5, livre grand public écrit par une journaliste, blogs et autres pages facebook sur les croquettes « toxiques ». On s’attendrait presque à ce que le petfood soit le sujet du prochain numéro de Cash Investigation. Alors, les croquettes sont-elles un fléau pour la santé animale ?
Les croquettes : une solution nutritionnelle
Pourquoi les croquettes suscitent-elles un tel engouement de la part des vétérinaires comme des propriétaires ? Pour les professionnels de santé, elles représentent un aliment déjà équilibré, notamment en minéraux, qui a permis la disparition de la plupart des grandes pathologies nutritionnelles. Pour les propriétaires, les croquettes sont un aliment pratique d’usage et économique. D’un point de vue environnemental, elles permettent de nourrir les populations croissantes d’animaux domestiques avec les morceaux de viande aujourd’hui dédaignés par les humains. Ce « recyclage » évite une consommation inutile et couteuse pour l’environnement de protéines animales. Pour autant, les croquettes sont-elles l’idéal nutritionnel de l’animal de compagnie ?
La nourriture sèche est-elle physiologiquement adaptée aux carnivores ?
Si l’aspect pratique des croquettes réside dans sa forme sèche et concentrée, c’est là aussi que se trouvent ses faiblesses nutritionnelles. Il n’est physiologique pour aucun être vivant de se nourrir d’aliment sec et concentré, mais cela pose particulièrement des problèmes au chat. Celui-ci peine à adapter sa consommation d’eau à ce type d’aliment et risque de se retrouver en déficit hydrique chronique. C’est aussi le chat qui aura le plus de mal à digérer les glucides utilisés pour texturer les croquettes. Et toujours le félin qui, avec son très faible besoin énergétique, souffrira de la forme concentrée de l’aliment qui le condamne à une ration de 50 g par jour. C’est pour cela qu’aujourd’hui chez le chat c’est le mix-feeding qui est prôné avec un grand retour de la pâtée (ou de la ration ménagère). Chez le chien, ce sont surtout les glucides qui vont poser problème, pas tant aux vétérinaires, mais aux propriétaires qui voient leur chien comme un loup. L’étude d’Axelsson en 2013* a bien prouvé que le chien différait de ce dernier par son génome qui lui permettait une plus grande synthèse d’amylase et donc une plus grande capacité à digérer l’amidon. Mais pour autant la question de la toxicité des glucides pour le chien reste posée par beaucoup de propriétaires.
Les glucides sont-ils le mal absolu ?
Actuellement, les données suggèrent que tant que les besoins nutritionnels du chien sont couverts en protéines, acides gras essentiels, fibres, vitamines et minéraux, le reste de l’énergie nécessaire peut être apportée par des glucides pour des raisons économiques, technologiques ou environnementales, sans problème de santé pour l’animal. Une alimentation adaptée au chien ne repose donc pas uniquement sur son taux de glucides mais bien sur tout ce qu’elle apporte à côté. Malgré 80 % des chiens et des chats nourris avec de la nourriture industrielle, souvent assez riche en glucides, l’espérance de vie des animaux de compagnie ne fait qu’augmenter.
Lire notre analyse complète dans La Semaine Vétérinaire n° 1740 du 17/11/2017, pages 26 et 27
* Axelsson et al., 2013. The genomic signature of dog domestication reveals adaptation to starch-rich diet. Nature, 2013
Alerter la rédaction sur une réaction