Le bilan pour l’année 2018 de l’Observatoire et du suivi des causes d’avortements chez les ruminants (Oscar) en France vient d’être publié sur la Plateforme Nationale d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA).
En 2018, davantage de séries abortives ont été investiguées chez les bovins, ovins et caprins en France, ce qui est en lien direct avec la hausse du nombre de départements engagés dans le dispositif Oscar par rapport à l’année 2017. Telle est la conclusion du bilan 2018 du dispositif Oscar que la plateforme Esa vient de publier.
Un protocole standardisé
Ce projet de suivi, animé par GDS France et qui réunit plusieurs représentants (DGAL, l’Anses, l’Adilva, la SNGTV, l’Institut de l’Elevage, Coop de France et Oniris) dans le cadre de la Plateforme ESA, a été mis en place en 2016 pour recueillir et valoriser les résultats des diagnostics différentiels des avortements selon une démarche nationale harmonisée. L’objectif est d’améliorer la connaissance des causes infectieuses des avortements et de pouvoir orienter au mieux la prévention et la lutte.
Une implication plus forte
En 2018, les groupements de défense sanitaire (GDS) de 25 départements ont recueilli les résultats obtenus pour la période du 1er janvier au 31 décembre pour tous les cheptels confrontés à une série abortive (rapprochée dans le temps ou plus espacée). Le nombre de départements engagés dans le dispositif Oscar a ainsi augmenté (deux supplémentaires), ce qui a permis d’investiguer davantage de séries abortives par rapport à 2017 pour les trois espèces de ruminants (+108 % en bovins, +162 % en ovins et +540 % en caprins).
Des résultats détaillés
En ce qui concerne les bovins, ce sont les résultats de 901 séries abortives, réparties dans 15 départements qui ont été enregistrés (66 % en élevages laitiers, 18 % des élevages allaitants et 8 % des élevages mixtes). Parmi les trois maladies recherchées en première intention (fièvre Q, BVD et néosporose), la néosporose a été la plus fréquemment retrouvée (14 %) et parmi les maladies à recherche facultative, c’était l’ehrlichiose (23 %) avec cependant une forte variabilité inter départementale. Dans les élevages d’ovins, 191 séries abortives ont été analysées dans 12 départements (54 % en élevages ovins laitiers, 34 % en élevages ovins allaitants et 0,5 % des élevages ovins mixtes). La toxoplasmose et la chlamydiose ont été les plus fréquemment impliquées (29 % et 24 %) parmi les maladies recherchées systématiquement (fièvre Q, toxoplasmose et chlamydiose), tandis que parmi les maladies à recherche facultative, la salmonellose est la cause infectieuse la plus fréquemment rencontrée avec une forte variabilité entre départements. Enfin, en ateliers caprins, les 96 séries abortives analysées, réparties dans 13 départements ont permis de montrer que parmi les maladies recherchées systématiquement (fièvre Q, toxoplasmose et chlamydiose), la fièvre Q est la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée (24 %).
Une interprétation prudente
Au vu de ces résultats, le rapport indique que la proportion d’avortements d’origine infectieuse est plus élevée en élevages de petits ruminants qu’en élevage de bovins lors de séries d’avortements. Parmi les maladies recherchées en 1ère intention, la fièvre Q est plus fréquemment trouvée en élevage caprin, ce qui correspond aux retours terrain des acteurs locaux impliqués depuis de nombreuses années dans la surveillance de cette maladie. Et pour pouvoir plus facilement analyser la présence de cette maladie en élevage bovin, il serait intéressant selon le rapport de disposer de deux résultats PCR (réalisation systématique d’un écouvillon par le vétérinaire à chaque avortement). De même, la chlamydiose concerne principalement les ovins et caprins (24 % des ovins et 16 % des caprins), ce qui est cohérent avec le fait que cette maladie est considérée comme étant une cause majeure d’avortement dans ces deux espèces. Par ailleurs, la recherche des maladies de deuxième intention étant facultative (motifs épidémiologique et clinique), le classement des agents infectieux suite aux conclusions des protocoles présente donc une certaine limite pour l’interprétation, notamment lorsque le nombre de diagnostics entrepris est faible. De même pour les ovins, les résultats obtenus pour la Border Disease ont été difficilement interprétables car un même protocole national n’a pas été suivi par tous les départements. Enfin, tous ces résultats restent «globaux» et « ils doivent être interprétés avec prudence ». Ils ne sont pas extrapolables à la France entière (nombre de département limité et hétérogénéité de saisies), mais comme l’a conclu le rapport « l’application de protocoles nationaux harmonisés dans les départements engagés dans le dispositif Oscar doit être encouragée car elle contribue à améliorer la connaissance des causes infectieuses d’avortements chez les ruminants en augmentant le taux d’élucidation mais aussi en gagnant en spécificité dans le diagnostic des maladies abortives. Des moyens de maîtrise pertinents pourront alors être discutés entre éleveurs et vétérinaires et les pratiques pourront évoluer ».
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