Les félidés peuvent être infectés par le SARS-CoV-2, mais restent des culs-de-sacs épidémiologiques - Le Point Vétérinaire.fr

Les félidés peuvent être infectés par le SARS-CoV-2, mais restent des culs-de-sacs épidémiologiques

Anne-Claire Gagnon | 07.04.2020 à 14:27:11 |
tigre séropositif SARS-CoV-2
© Elodie Mongoin

Deux nouvelles publications chinoises font le point sur la sensibilité du chat, tandis qu’un premier cas de contamination d’une tigresse à New-York par son soigneur est rapporté.

Deux récentes études chinoises, en pré-parution, s’intéressent à la réceptivité des animaux de compagnie au SARS-CoV-2. Elles précisent bien qu’elles ne doivent pas être considérées comme définitives ni rapportées dans les médias comme des faits établis. A l’heure d’Internet et de la sur-consommation de l’information, ces données préliminaires sont déjà sur les réseaux, sans ces avertissements.

Recherche de modèle animal pour le SARS-CoV-2

La première publication montre sans surprise que les chats et les furets sont un modèle animal pour le SARS-CoV-2, comme ils l’étaient déjà pour le SARS-CoV-1. Dans cette étude, ce sont des lignées consanguines de chats, spécialement sensibles, qui ont été utilisées. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une infection naturelle, mais bien d’une infection expérimentale, réalisée sur un tout petit nombre d’animaux (5 chats, 5 chiens et 3 furets). L’étude montre une faible réceptivité du chien, une bonne sensibilité du chat et du furet, avec une transmission possible, en condition expérimentale, entre chats, le furet** restant à ce jour le meilleur modèle animal pour la maladie.  

Confirmation chez les chats de Wuhan du contact avec le SARS-CoV-2

La seconde étude chinoise a évalué sérologiquement 102 chats ayant résidé à Wuhan pendant l’épidémie et 39 chats, dont les échantillons de sérum, prélevés entre mars et mai 2019), étaient disponibles et n’étaient pas séropositifs au SARS-CoV-2 (lot témoin).  Parmi les 102 chats testés sérologiquement (Elisa indirect, séroneutralisation et Western Blot), les 3 appartenant à des patients Covid-19 ont présenté des titres importants (2 à 1 : 360 et 1 chat à 1 :1080) alors que quelques chats errants (dont on ne connait pas les habitudes de vie) avaient des titres faibles (1 : 20 à 1 :80). Au total pour cet échantillon, la publication fait état d’une prévalence de 14,7% de séropositifs, avec seulement 3 vraiment élevés, traduisant leur exposition au SARS-CoV-2, suggérant selon l’American Veterinary Medical Association que les chats ne sont pas facilement infectés dans les conditions naturelles.

Contamination d’une tigresse new-yorkaise par son soigneur

Un cas vient d’être rapporté à l’OIE par les États-Unis avec le premier tigre testé positif au SARS-CoV-2 après avoir été en contact avec son soignant, infecté Covid-19 asymptomatique. Nadia, une tigresse de 4 ans, est la seule à avoir été testée sous anesthésie générale, par rT-PCR, et elle a présenté, comme ses congénères, 4 tigres et 3 lions, des signes cliniques de toux sèche depuis le 27 mars. Les analyses ont été effectuées par trois laboratoires indépendants (dont l’Université de Cornell et celle de l’Illinois) avec le séquençage génomique, qui confirme la présence de SARS-CoV-2.  Actuellement, tous les félidés du zoo de New York vont bien, comme d’ailleurs tous les cas rapportés à ce jour chez les quelques animaux de compagnie également détectés. Les animaux au contact d’humains Covid-19, malades ou non, peuvent être des culs-de-sacs épidémiologiques, ne présentant pas de morbidité ni de risque pour leur entourage à ce jour.

Anne-Claire Gagnon
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