"Les politiques agricoles, alimentaires et climatiques ne sont pas suffisamment mises en cohérence" selon le HCC - Le Point Vétérinaire.fr

"Les politiques agricoles, alimentaires et climatiques ne sont pas suffisamment mises en cohérence" selon le HCC

Ségolène Minster

| 24.06.2024 à 15:59:00 |
© iStockphoto-Searsie

Le Haut conseil pour le climat (HCC) vient de publier un rapport sur l’action publique en matière de climat. Les politiques agricoles souffrent d’un manque d’intégration avec les politiques alimentaires, sanitaires, environnementales et climatiques, limitant la décarbonation et l’adaptation du secteur.

Le rapport annuel du Haut Conseil pour le climat est intitulé « Tenir le cap de la décarbonation, protéger la population » et dresse un bilan des émissions de gaz à effet de serres (GES) émis et des politiques publiques en faveur de l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Une baisse significative des GES

La France a connu en 2023 une baisse des émissions de GES (-5,8% par rapport à 2022, pour atteindre 373 Mt éqCO2) dont l’importance, si elle se maintient à l’avenir, est cohérente avec la trajectoire de décarbonation pour atteindre les objectifs visés à l’horizon 2030. Les choix sociaux et économiques pour structurer cette trajectoire s’esquissent, dans un contexte national d’attention portée à la réindustrialisation et à la souveraineté alimentaire. Cependant pour l’agriculture, les émissions de GES ont baissé de 1,5 Mt éqCO2 sur la période 2019-2023, à un rythme moindre que pour d’autres secteurs. Le rapport du HCC note que cette baisse résulte d’une réduction subie du cheptel bovin, d’importations croissantes de produits alimentaires et agricoles (pour lesquels les émissions de GES sont comptabilisés pour le pays producteur), et de la baisse d’utilisation d’engrais minéraux azotés.

Les politiques limitent la décarbonation du secteur

Le rapport de l’HCC déplore que certaines politiques des 12 derniers mois, notamment apportées en réponse à  la crise en janvier 2024, représentent un recul dans la décarbonation du secteur voire verrouillent l’agriculture dans un système intensif qui ne protège pas les agriculteurs. Les subventions de la politique agricole commune contribuent faiblement à la transition bas-carbone et la fiscalité n’est pas mobilisée pour réduire les émissions du secteur. La loi EGAlim n’a pas réussi à rééquilibrer les partage de la valeur entre les acteurs de l’alimentation au profit des agriculteurs. L’action publique repose principalement sur l’information donnée aux consommateurs et les approches volontaires.

Au niveau de l’adaptation au dérèglement climatique, le besoin est reconnu mais le rapport note que les politiques du secteur n’ont pas identifié clairement les vulnérabilités et besoins. La mise en œuvre de solutions est trop restreinte, ou parfois mal-adaptée (projets de stockage d’eau, investissements non adaptés au climat futur), pouvant simplement déplacer et maintenir la vulnérabilité face au dérèglement climatique.

Intégrer les politiques agricoles et alimentaires

Le Haut conseil pour le climat recommande de renforcer l’intégration des politiques agricoles, alimentaires, sanitaires, environnementales et climatiques pour une approche plus systémique, notamment via la mise en œuvre de la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat. Il recommande également de mobiliser la loi d’orientation agricole, pour définir une vision des modèles agricoles souhaitables, qui orienteront les acteurs du système alimentaire vers la transition agroécologique, les pratiques bas-carbone et une agriculture adaptée au dérèglement climatique. Enfin le soutien à l’élevage devrait être orienté vers les systèmes herbagers, de polyculture-élevage et agroécologiques qui sont béné­fiques pour le stockage de carbone, la conservation des sols et des ressources en eau, la préservation de la biodiversité, le bien-être animal et l’adaptation au changement climatique.

Ségolène Minster

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