Une infirmière vétérinaire britannique, Isobel Cook, a créé la campagne The Face of Fear pour sensibiliser à la peur et à la souffrance que les animaux domestiques peuvent éprouver pendant la saison des feux d'artifice.
L’organisation caritative vétérinaire PDSA vient de révéler dans son rapport annuel sur le bien-être animal (PSDA Animal Wellbeing) que 7,3 millions de chats et de chiens britanniques avaient peur des feux d’artifice. Environ 34% des chats et 40% des chiens sont concernés. Ce rapport a également montré que la peur de ces engins pyrotechniques était le second des cinq principaux comportements que les propriétaires de chiens aimeraient changer (23% des propriétaires, ce qui équivaut à 2,3 millions de chiens). En 2018, les hôpitaux de PDSA ont traité 1 400 animaux de compagnie pour des problèmes liés aux feux d'artifice, comme des phobies et des blessures (ils étaient 1200 en 2017). PDSA propose sur son site internet un guide téléchargeable gratuitement, qui contient de nombreux conseils pour aider les animaux de compagnie à mieux tolérer ces nuisances.
Début octobre, une infirmière vétérinaire britannique, Isobel Cook, a créé la campagne The Face of Fear pour sensibiliser à la peur et à la souffrance que les animaux domestiques peuvent éprouver pendant la saison des feux d'artifice. Elle a lancé un appel à ses collègues pour collecter un maximum de descriptions, de vidéos et d’images d’animaux souffrant de cette phobie. Une page Facebook a été mise en place à cet effet et a déjà reçu un grand nombre de témoignages. L’infirmière espère réunir suffisamment d'études de cas pour porter la question devant le Parlement et mettre un terme à la vente de feux d'artifice traditionnels au profit d’engins pyrotechniques silencieux.
Toujours au Royaume-Uni, la chaine de supermarché Sainsbury’s a annoncé mi octobre cesser de vendre des feux d’artifice dans ses 2300 enseignes. L’une des raisons invoquées serait le bien-être des animaux de compagnie et de la faune sauvage. Les clients se verront proposer à la place des bâtons lumineux. A la suite de cette décision, des vétérinaires de Vets Now, un service d’urgence qui traite nombre de chiens accidentés après s’être échappés à cause du bruit, ont demandé aux députés de modifier la loi sur la vente et l'utilisation de feux d'artifice. Il est, selon eux, urgent de revoir la réglementation afin d’empêcher les supermarchés et autres détaillants de les vendre pour un usage privé. Ils souhaitent également voir leur utilisation limitée uniquement aux événements publics autorisés et planifiés à l'avance, autour des dates traditionnelles. Une diminution du niveau de décibels des engins utilisés est aussi requise.
Dans un sondage réalisé par Vets Now, 96% des 7 000 personnes interrogées ont déclaré qu'elles soutiendraient un contrôle plus strict des feux d'artifice. 73% ont affirmé que leurs animaux domestiques avaient peur du bruit occasionné. L'Irlande a d’ores et déjà interdit la vente de feux d'artifice à usage privé en raison d'inquiétudes quant à leur impact sur les personnes fragiles, les animaux domestiques, le bétail et les espèces sauvages. En Ecosse, une récente consultation, organisée à la demande du gouvernement écossais, a révélé un fort soutien en faveur de contrôles et de restrictions plus sévères.
D’autres pays comme la Belgique et les Pays-Bas sont aussi préoccupés par les effets de ces nuisances sur les animaux. En mars dernier en Belgique, dans la région flamande, les députés ont déposé une proposition de décret pour interdire le libre usage des feux d’artifice. Inspirée par le ministre du Bien-être animal, Ben Weyts, cette interdiction devrait être validée par le Parlement flamand. Cette future législation vise notamment à éviter les accidents que provoquent des animaux apeurés par ces détonations. Les communes pourront déroger à l’interdiction générale, mais uniquement à certains endroits et à des moments bien précis. Près d’une quarantaine de communes flamandes ont déjà décrété une interdiction totale des feux d’artifice sur leur territoire, tandis qu’une autorisation préalable est requise dans une centaine d’autres.
Aux Pays-Bas, le PvdD, parti pour les animaux, plaide depuis des années pour l’interdiction de cette pratique. Une motion du PvdD a ainsi été adoptée en juillet 2018 par le conseil municipal de Leiden, en Hollande du sud. D’ici 2022 ses habitants ne pourront plus utiliser de feux d’artifices. L’interdiction pour l’instant applicable seulement dans le centre ville va s’étendre petit à petit aux autres quartiers. Sur la plupart des comptoirs d’accueil des cliniques vétérinaires néerlandaises, il est courant de voir plusieurs semaines avant les fêtes de fin d’année, des protocoles pour mieux accompagner les animaux lors de cette période. Différentes solutions sont proposées : allopathie, phytothérapie, phéromones de synthèse, thérapie comportementale… Le LICG, centre national d’information des animaux de compagnie, a sur son site internet une rubrique feux d’artifice très détaillée. On y apprend qu’il existe des ateliers d’éducations dédiés. Cette prise en charge prouve que les feux d’artifices représentent dans ce pays et de façon générale une source de stress importante pour les animaux.
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