Samedi premier décembre, des « gilets jaunes » ont explosé les vitrines d’une clinique située non loin de l’Arc de Triomphe. Son pillage intérieur a heureusement été évité grâce à la solidarité des voisins. Le Dr Pierre Métivet et son ASV témoignent d’une violence qu’ils ne comprennent toujours pas…
« Ce n’est pas un accident : le samedi premier décembre dernier, ma façade a été volontairement fracassée à droite par trois pavés et à gauche, par une barre métallique ! Ils ont même cassé la croix vétérinaire lumineuse », explique le Dr Pierre Métivet, qui travaille dans ses locaux de la rue Monceau. C’est en fait dès le matin de ce jour de manifestation des « gilets jaunes » à Paris que les choses commencent à mal tourner pour lui. Le RER ne fonctionnant plus dans le quartier, le vétérinaire et son ASV essaient en effet de parvenir sur le lieu de leur travail en voiture, dans le huitième arrondissement, en passant par la place de l’Étoile. Là, il sont d’abord immobilisés par des « gilets jaunes » menaçants, portant des masques à gaz. Un premier moment déjà difficile à passer, où l’un des manifestants jette notamment une barrière de sécurité sur lui. « Quand je leur ai dit que j’étais vétérinaire, j’ai lu de la haine dans leurs yeux », assure-t-il.
La clinique sauvée du pillage par les voisins
Plus tard dans la matinée, c’est l’escalade dans le quartier : « Dès 11 h 30, vers le bas de l’avenue de Friedland, de violents affrontements débutent, avec des jets de projectiles sur les CRS, poursuit le Dr Pierre Métivet. Il y a des barricades, des feux sur la chaussée. Les manifestants incendient même une agence bancaire LCL, malgré la présence d’habitants dans les étages au-dessus ! ». Craignant pour sa propre sécurité et voulant aussi aller récupérer sa voiture, le Docteur quitte ensuite sa clinique vers 13 heures. Á son retour, il retrouve certes un cabinet aux vitrines dévastées, mais non pillé à l’intérieur, parce qu’il a été « défendu » par des voisins et d’autres commerçants solidaires. « Ils ont dit aux gilets jaunes de ne pas pénétrer dans ma clinique, en prétendant que des animaux se trouvaient à l’intérieur, explique le Dr Pierre Métivet. Par ailleurs, quand je suis parvenu sur les lieux, la police défendait également la zone ».
« Il faut avertir les gens du danger »
Face à ce cette « violence extrême », il se dit « choqué ». Et d’interroger : « Pourquoi s’attaquent-ils à un vétérinaire ? Est-ce que je représente vraiment un notable à leurs yeux ? Les vétérinaires ne sont pourtant pas des milliardaires ». Pour sa part, son ASV, Marie-Diane, a ressenti, « sur le moment, beaucoup d’écoeurement. Surtout, je ne comprends pas cette haine à l’égard des petits commerçants, ou des professions libérales. J’en parle aussi pour que les gens prennent conscience du danger, qu’ils fassent attention… On a des clients qui se sont fait insultés alors qu’ils étaient simplement en train de promener leurs chiens dans la rue. C’est vraiment triste d’en arriver là, et de risquer de se faire attaquer rien que parce qu’on habite le huitième arrondissement de Paris ! »
Avec la crainte d’une nouvelle émeute, samedi…
Ce qui met un peu de baume au cœur du praticien, c’est, dit-il, « l’élan exceptionnel de solidarité de ses voisins », qui ont aussi placé des cartons sur la façade de sa clinique, afin d’en protéger l’accès. Plus tard, il a également reçu plusieurs messages de soutien de la part de confrères parisiens, notamment émanant du dix-septième arrondissement. Les jours suivants, le vétérinaire a porté plainte, fait surveiller sa clinique par des vigiles, il a nettoyé la façade, contacté son assurance, etc. Et ce vendredi, il viendra évacuer du matériel de sa structure, « par crainte d’une nouvelle attaque, au cours de la prochaine journée de manifestation de samedi… Le dimanche, nous avons prévu de réaménager les locaux ». Pour une réouverture espérée dès le lundi 10 décembre. Dans un lieu qui lui est forcément cher, puisque cette clinique existe dans sa famille depuis déjà cinquante ans.
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