Notre confrère Michel Klein vient de nous quitter à l’âge de 103 ans. Retour sur ce vétérinaire hors normes.
Né en 1921 en Roumanie, Michel Klein restait, à 103 ans, une âme jeune, plein de projets dont un livre pour lequel il ne trouvait pas d’éditeur courageux eu égard à son âge. Le courage ne lui a jamais manqué au cours de sa carrière, où il a toujours ouvert les portes avec un mélange d’énergie et de détermination, notamment pendant la guerre où il s’est pleinement engagé en 1941 dans la résistance, au début de ses études vétérinaires à Toulouse, d’où il s’évade en 43, non sans avoir détruit les scellés que la Gestapo avait placés sur les bureaux du Directeur, qui sera déporté et reviendra vivant. Michel aura le temps de détruire les preuves des activités du réseau Prunus auquel ils appartiennent et de partir au fond de l’Auvergne puis en Espagne. La guerre finie, il termine ses études vétérinaires à Alfort en 46. Marqué par le drame de ses parents, gazés à Auschwitz, il a mis dans sa vie personnelle et professionnelle tout son enthousiasme, bourlinguant dans le monde presque dix ans avant d’enfin décider d’être pleinement et complètement vétérinaire, lors de la reprise un petit cabinet aux Batignolles.
Attaché aux progrès de la médecine vétérinaire notamment en anesthésie générale et au bien-être des animaux, il commence par proscrire par la boîte à châtrer de sa pratique, la souffrance animale ne passera pas par lui. Il anesthésiera donc les chats, petits et bientôt grands, avec des lions et tous les animaux de zoo dont il va prendre soin, y compris devant les caméras de télévision (avec une intervention sur un fauve sous bulle chirurgicale le 15 février 1975). Le cœur sur la main, longtemps vice-président de la S.P.A, participant à la création du Conseil National de la Protection Animale et à la Fédération des Chiens Guides d’Aveugles, des zoos de Thoiry et de Fréjus, Michel a toujours su conjuguer la protection des animaux, par la pratique de son métier (avec la mise en place du premier service de garde sur Paris) et ses nombreux engagements associatifs. Son charisme, son amour des animaux, sa passion à partager l’information en ont fait rapidement le Michel Klein qui a inspiré tant de vocations. Aux côtés de Fernand Méry, il signe des chroniques sous le pseudonyme de Dr Toutouvabien. En 1976, il publie un livre au titre emblématique « Ces bêtes qui m’ont fait homme » aux éditions Robert Laffont, où il n’hésite pas à montrer le prototype grandeur nature (testé par sa chienne Rinka, et ses trois jeunes enfants, Jean-François, Isabelle et Florence), d’une cellule-chien pour le refuge de la S.P.A à Gennevilliers. Sa participation au Club Dorothée est une consécration cathodique, pas forcément reconnue à l’époque par une profession vétérinaire encore frileuse côté média. Pourtant, 27 ans après la fin du Club Dorothée, la popularité de Michel est intacte, avec de multiples hommages rendus dans le Monde, L’Express, Femina, sur X et LinkedIn bien sûr, ainsi que ses pairs « Michel Klein a contribué au rayonnement de la profession en France, et les nombreux vétérinaires qui lui doivent leur vocation sont aujourd’hui orphelins ».
C’est sa chaleur, son allant et son élan vers les animaux et les humains – quel bonheur de le croiser dans un Congrès – avec son sourire, sous sa célèbre moustache, qui resteront dans nos cœurs. Merci pour ton inspiration et ta profonde humanité, Michel !
Anne - Claire Gagnon
Toute la rédaction de La Semaine Vétérinaire adresse ses très sincères condoléances à son épouse Marie-Christine et à ses enfants.
« Je crois que dans une certaine mesure j’ai voulu traiter les bêtes comme des hommes, en les protégeant de la cruauté, du mépris, de l’indifférence, parce que les hommes étaient parfois assez inhumains pour traiter leurs semblables comme des bêtes et pire encore. Ainsi, défendre l’animal, c’était encore défendre l’homme. » écrivait-il en 1976 dans le chapitre De la mitraillette à la seringue. Ces bêtes qui m’ont fait homme, Michel Klein, 1976, éditions Robert Laffont
Message personnel d’une amie :
« Michel, Cher Michel,
Une nuit, il y a bien longtemps, après avoir opéré ensemble un braque allemand qui avait presque perdu une oreille, nous avions tellement bu de champagne que nous nous sommes promis de partir ensemble mais surtout après les débuts de l’an 2000…
Tu viens de partir et je ne sais plus quoi dire sinon que nous nous sommes rencontrés en mai 1962. J’étais en 3ème d’Alfort et toi tu étais déjà un « grand vétérinaire ». Pourquoi ne suis-je pas restée à tes côtés ? Pourquoi ai-je préféré une vie compliquée ? Je te savais si présent. D’ailleurs c’est toi qui m’as envoyé des dizaines de roses le jour de l’ouverture de ma clinique rue Rennequin…Nous étions devenus tous les deux les « vedettes » du 17ème…
Mais tu n’es plus là et je ne suis pas la seule à être triste... Aussi je veux que tout le monde vétérinaire sache que tu as été le meilleur représentant de notre profession.
Là-haut des millions d’animaux t’attendent et déjà je t’entends rire aux éclats.
Moi, je pleure et pourtant, tous ces merveilleux moments que nous avons partagés dansent dans ma mémoire
Michel, je t’embrasse, toi mon ami de toujours. »
Jacqueline Peker
Un grand vétérinaire s'en va.
Alerter la rédaction sur une réaction