Mobilisation contre les « infox » sur la nutrition du chien et du chat

« Quand les start-ups du petfood vous prétendent monts et merveilles » titre un communiqué rédigé par un collectif de professionnels de la nutrition du chien et du chat*, en réaction face à l’usage décomplexé d’allégations mensongères de certaines sociétés. Les signataires tiennent à rappeler les bonnes pratiques pour une communication loyale envers les consommateurs. Sont pointées du doigt les start-ups « souvent composées de jeunes sortis d’école de commerce ne détenant aucune formation en nutrition animale » qui se présentent en garant du bien-être animal grâce à des formulations prétendument vertueuses. « Nous tenons à rétablir la vérité sur des promesses avancées par ces jeunes sociétés » précise le collectif. Et de lister un florilège d’arguments qui reviennent souvent dans la promotion de ces croquettes pas si idylliques qu’elles le promettent, contre-argumentaire à l’appui, dont voici un extrait :

« Argument mensonger n°1 :  produit « 100% naturel »

Il n’existe pas de croquette « 100% naturelle » car pour qu’un aliment soit nutritionnellement complet, il est nécessaire de lui ajouter des vitamines et minéraux. Ceux-ci sont des additifs et ne sont pas considérés comme « naturels » par la réglementation.

Argument mensonger n°2 : « Les croquettes de grande marque contiennent du sucre, les croquettes sans céréales sont meilleures »

Les croquettes ne contiennent pas de « sucre » mais de l’amidon nécessaire au processus d’extrusion. Même les croquettes « sans céréales » contiennent de l’amidon souvent issu des pois ou de la pomme de terre. L'amidon est digestible et assimilable par les chiens et les chats. Les céréales sont rarement associées à des allergies ou intolérances, une croquette "sans céréales" n'est donc pas un aliment "hypoallergénique" ou permettant de limiter les troubles digestifs. Au contraire la présence de pois ou lentilles dans les croquettes sans céréales génère souvent des gaz ou des diarrhées.

Argument mensonger n°3 : « Les croquettes des grandes marques sont cuites à 200°C »

La cuisson-extrusion se faisant sous pression, la température de cuisson se situe le plus souvent entre 100 et 130°C, quelle que soit la marque des croquettes. Monter à 200°C endommagerait un extrudeur.

Argument mensonger n°4 :  « Les croquettes de grandes marques utilisent des sous-produits animaux, pas nous»

Il est impossible de formuler un aliment pour animaux sans « sous-produit animaux ». En effet, la réglementation 1069/2019 qualifie de « sous-produit » tout produit animal à destination du petfood pour éviter son retour dans la chaine alimentaire humaine. Le filet de poulet, à partir du moment où il est destiné à un animal et non à un humain, devient réglementairement un sous-produit. Qualifier son aliment de « sans sous-produit animal » ne montre qu’une méconnaissance totale de la législation en vigueur dans le domaine.

Argument mensonger n°5 : Utilisation de vraie viande et illustrations avec des photos de filets

L’utilisation de photos d’aliments pour humains tels que des filets de poulet ou de poisson et du terme viande est interdite lorsque l’on utilise de la viande séparée mécaniquement (morceaux de viande restants sur la carcasse et séparés mécaniquement des os à l'aide de machines) ce qui est le cas pour les aliments pour animaux. L’utilisation de filets de viande ou de poisson en petfood serait une aberration économique et écologique que nous n’encourageons pas. Il est parfaitement souhaitable que les carnivores domestiques mangent les morceaux que les humains ne consomment pas ou plus pour des raisons culturelles. Les nouvelles marques sur le marché ne doivent pas tromper les propriétaires en leur laissant penser qu’ils utilisent des morceaux que les humains consomment. Les start-up utilisent les produits disponibles sur le marché du petfood comme tous les autres ».

Une action auprès de la répression des fraudes

Le collectif va adresser cette mise au point à des journaux grand public, dans l’espoir d’éclairer les consommateurs. Il demande également à la DGCCRF qu’une enquête nationale soit menée sur la loyauté de l’étiquetage du petfood vendu sur internet. « Nous souhaitons une régulation plus ferme de la communication dans le petfood pour que les propriétaires d’animaux puissent choisir une alimentation pour leur animal sur la base d’informations loyales, véridiques et fondées sur les données scientifiques », conclut-il.

L’industrie du petfood réagit aussi

Même son de cloche du côté des poids lourds de la nutrition. La Facco**, qui joue depuis 2019 la carte de la transparence en montrant les coulisses de la fabrication des aliments pour animaux, réagit fasse aux « contre-vérités qui circulent et aux fausses informations qui se répandent très rapidement ». Pour contrer ce phénomène, la fédération propose sur son site un rendez-vous bimensuel qui éclaire et répond aux questions sur l’industrie. « Conçues comme un magazine, ces courtes vidéos présentent de façon pédagogique les Vrais-Faux du petfood avec des interviews, des témoignages, des reportages, des directs. L’objectif est d’aborder tous les sujets les plus couramment évoqués, en donnant aux vétérinaires et à tous les professionnels de la santé et du bien-être animal les réponses aux questions que peuvent poser les possesseurs d’animaux ». Parmi les sujets abordés, « Qu’est-ce qu’il y a dans leurs aliments ? », « Quels contrôles pour le petfood ? », «  Qui décide de la réglementation ? » « Il n’est pas obligatoire d’indiquer les glucides sur les étiquettes. Vrai ou Faux ? », « Le Barf est une alternative sans risque face à l’alimentation industrielle. Vrai ou Faux? », « On parle de sous-produit dans l’alimentation animale. Ce sont des déchets. Vrai ou Faux? », « Les glucides et les céréales ne sont pas adaptés à l’alimentation de nos animaux, qui sont essentiellement des carnivores. Vrai ou Faux? ». 

*Composé de Sophie Augustin (vétérinaire, chargée de consultation en nutrition clinique à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort), Rosemarie Bayard (vétérinaire, créatrice du site de nutrition vétérinaire individualisée « Rationomique »), Angélique Beaudoin (auxiliaire spécialisée vétérinaire, responsable du pôle nutrition de la clinique vétérinaire du Gabereau), Aude Carrez (ingénieure agronome spécialisée en nutrition, créatrice de « La Gamelle au Poil »), Charlotte Devaux (vétérinaire nutritionniste, créatrice du podcast « La Truffe dans la Gamelle »), Antinéa Ecrepont (vétérinaire, administratrice du groupe Facebook « Croquettes Comment Choisir »), Charlotte Gnaedinger (ingénieure agronome spécialisée en nutrition, administratrice du groupe Facebook « Croquettes Comment Choisir »), Sara Hoummady (vétérinaire, chargée d’enseignement en nutrition clinique à l’Ecole Vétérinaire d’Alfort), Sébastien Lefebvre (vétérinaire, maître de conférences en nutrition des carnivores à l’Ecole Vétérinaire de Lyon), Marie Marossero (vétérinaire praticienne, ancienne vétérinaire technique et réglementaire), Louis-Gabriel Mognetti (vétérinaire, créateur de l’application de rationnement vétérinaire « Fetchy »), Pauline Teyssier (auxiliaire spécialisée vétérinaire, créatrice de la page Facebook « Petfood Review ») et Mathilde Thierry (vétérinaire, formatrice en nutrition, administratrice du groupe Facebook « Veto Nutri »).

**Fédération de fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers