D’après les données disponibles, l’Agence sanitaire ne peut pas exclure la possibilité d’infection par cette voie de transmission. Après ingestion d’un aliment contaminé cru, ou d’ un aliment recontaminé en surface après cuisson, l’entrée du virus pourrait se faire par les tissus oro-pharyngés. Cette voie d’infection serait toutefois bien moins efficace que la voie orale.
Quelques semaines après son avis sur les possibilités de transmission du Monkeypox aux animaux, et les conséquences en terme de Santé publique, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publie un nouvel avis sur le risque de transmission du virus via les aliments. La question posée était d’évaluer le risque de transmission du virus par les denrées alimentaires, que ce soit au cours de leur manipulation, et de leur consommation.
Réponse : au vue des données disponibles, l’Agence ne peut pas exclure cette voie de transmission.
La viande de brousse est la seule incriminéePlusieurs études menées en zones d’endémie, ont, en effet, suggéré un lien entre infection et ingestion de viande de brousse contaminée. « De 1970 à juin 2022, 20 épidémies ont été recensées qui font mention d’une possible transmission par un aliment contaminé, indique le rapport. L’analyse de ces données montre qu’aucun aliment, autre que la viande de brousse, n'a été identifié ou suspecté comme étant associé aux cas humains de Monkeypox. Dans la majorité des études listées, il est difficile de distinguer le véhicule de la contamination, les personnes pouvant être contaminées par la manipulation des animaux morts et/ou leur consommation. » En France, la consommation de la viande de brousse est liée à une introduction illégale.
En dehors de la viande de brousse, à ce jour, on ne dispose pas de données sur la transmission du virus aux animaux de production, avec le bémol du lapin qui s’est montré sensible en laboratoire, notamment les lapereaux nouveaux-nés. « En l’état actuel des connaissances, la possible contamination des denrées alimentaires d’origine animale à partir d’un animal infecté a été exclue », est-il ainsi indiqué
Selon les experts, en France, « le potentiel d'introduction et de transmission du MPXV via la viande de brousse en France est actuellement très faible ».
Une contamination possible par un opérateur contaminéDe fait, le risque d’infection via la voie alimentaire sera à considérer par le fait d’une contamination de denrées par un manipulateur malade en particulier s'il présente des lésions cutanées. Cette situation ne peut être exclue, selon les experts de l’Agence. « Un humain excréteur du virus peut contaminer les aliments par contact avec des mains souillées (par exemple en présence de lésions) ou dans le cas de mauvaises pratiques d’hygiène (excrétion oro ou naso pharyngée). Une possible contamination fécale par le MPXV n’est pas exclue. » Ceci dit, des inconnus subsistent sur la survie du virus dans l’aliment : la cuisson, 12 minutes à 70°C, pourrait être efficace. Pour le matériel de préparation, le virus a la capacité de survivre sur des surfaces de quelques jours à quelques mois ; mais les désinfectants classiques sont suffisants pour inactiver les Poxvirus.
« En l’état des connaissances actuelles, les experts du GECU ne peuvent exclure la transmission du virus par un aliment contaminé », concluent donc les experts. Une fois l’aliment ingéré, la transmission du virus pourrait se faire par voie cutanéo-muqueuse, la possibilité d’infection dépendant de la quantité du virus infectieux absorbée, et de la présence de lésions muqueuses pré-existantes.
Adopter des mesures classiques d'hygièneCe risque, s’il ne peut être exclu, ne correspond toutefois pas, à priori, à la voie de transmission majoritaire : « les autres voies d’infection (cutanée, muqueuses) semblent bien plus efficaces que la voie orale », estiment les experts. De plus, ils rappellent bien qu’il ne s’agit que d’une hypothèse, et que « les aliments (autres que la viande de brousse) n'ont quant à eux jamais été identifiés comme étant associés aux cas humains de MPX dans aucun des épisodes recensés. »
Aussi peu probable soit-il, ce risque amène les experts à émettre plusieurs recommandations pour limiter cette voie de transmission. Elles sont classiques : ne pas manipuler des aliments destinés à d’autres, en cas d’infection avérée, ou de toute présence de lésions cutanées ; et appliquer des bonnes pratiques d’hygiène, de nettoyage et désinfection des matériels et des locaux pour limiter la contamination dans les espaces ayant pu être fréquentés par des personnes contaminées. Ils préconisent aussi de sensibiliser les employeurs et salariés du secteur de la restauration et l’agroalimentaire.
Au 5 juillet, en France, 577 cas ont été confirmés selon Santé Publique France, dont 387 en Ile-de-France. Dans le monde, hors zones d’endémie, au 22 juin, 3340 cas ont été confirmés par l’Organisation mondiale de la santé. En zones d’endémies africaines, 73 cas, dont 1 décès, ont été confirmés, le Nigeria, avec 41 cas confirmés, étant le pays le plus touché.