Du fait de données disponibles partielles sur la réceptivité et sensibilité des animaux à l'orthopoxvirus, l'Agence préconise "la plus grande vigilance" aux vétérinaires qui examinent des animaux appartenant à des détenteurs malades. Ces derniers doivent aussi adopter des règles strictes d'hygiène et biosécurité à la maison, notamment vis-à-vis des petits mammifères type rongeurs et lagomorphes.
Y-a-t-il un risque que les animaux de France soient contaminés par le Monkeypox ? Après la conférence du 9 juin sur le sujet donnée à l'Académie vétérinaire de France (AVF), c'est au tour de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) de répondre à cette question. Elle vient ainsi de publier un avis sur la conduite à adopter par les vétérinaires et les propriétaires malades, face aux animaux de compagnie. La présidente du groupe d'experts de l'Anses en charge de la question n'est autre que Nadia Haddad, professeure en maladies réglementées, épidémiologie et zoonoses à l'ENVA, qui avait présenté la conférence à l'AVF.
Les écureuils seraient les plus à risque" Dans le délai très contraint de réponse à cette première question, les experts se sont appuyés sur des premières données qui sont très lacunaires voire absentes sur la réceptivité des animaux de compagnie vis-à-vis du MPXV ", indiquent les experts. A ce stade, il apparaît que les écureuils et autres Sciuridés seraient les plus à risque d'être infectés par un humain malade, mais ils sont rares en clientèle. En particulier les chiens de prairies avaient montré sur le terrain, leur sensibilité : aux Etats-Unis en 2003, ils avaient été contaminés en animalerie par des rongeurs infectés importés d'Afrique. Ils avaient ensuite contaminés leurs propriétaires, à l'origine du 1er épisode officiel de Monkeypox hors des zones d'endémie africaines, avec une quarantaine de cas humains suspects et confirmés dans plusieurs Etats américains. Les NAC, type rats, souris, hamsters et cobayes, semblent peu à risque, sauf pour les jeunes animaux qui ont pu montré dans des conditions de laboratoire une réceptivité ou sensibilité. Les lapins de compagnie sont réceptifs et sensibles en conditions expérimentales, notamment les jeunes, et " pourraient potentiellement être considérés comme plus à risque que les rats et les souris ". Une seule étude sérologique a été faite pour le chat, ne montrant pas de chats séropositifs, et aucune donnée n'est disponible pour le chien et le furet.
Des recommandations pour les vétérinaires...Dans ces conditions, les experts suivent le principe de précaution, avec des recommandations générales d'hygiène et biosécurité. Pour les vétérinaires, ils conseillent tout de même " la plus grande vigilance " en cas de consultation d'animaux de personnes malades. Les recommandations sont de " porter un masque, des gants et une blouse à usage unique, de nettoyer et désinfecter les zones fréquentées par l’animal dans la clinique (salle d’attente, de consultation notamment) et de procéder à une gestion adaptée des déchets (les compresses, seringues/aiguilles… étant déjà récupérées selon des procédures spécifiques dans des containers dédiés aux déchets médicaux). En cas d’hospitalisation de l’animal, il conviendra de procéder à un nettoyage/ désinfection de la cage et des litières (comme lors de manipulation d’animaux à risque de transmission zoonotique et animale). "
....et les propriétaires d'animauxLes détenteurs d'animaux de compagnie, doivent aussi appliquer des mesures de biosécurité, en cas de personnes malades dans le foyer : exclure tout contact avec l'animal ; ou si difficile (personne seule avec son animal), limiter au maximum les contacts directs rapprochés (ne pas porter, caresser, pas de léchage, pas d'accès à la chambre, pas de contact de l'animal avec les vêtements du propriétaire...), porter des gants à usage unique, porter un masque....Des recommandations plus drastiques sont préconisées pour les rongeurs et lagomorphes :
- les maintenir dans leur cage durant toute la période d’isolement du cas humain, si possible dans une pièce avec peu de passage ;
- lors du nettoyage hebdomadaire de la cage la désinfecter à l’eau de Javel en portant des gants et un masque chirurgical.
- ne pas éliminer dans les ordures ménagères le corps d’un petit animal mort et qu’un tiers l’apporte chez un vétérinaire ;
Deux autres avis sont attendus sur le sujet, qui pourraient permettre d'affiner encore plus ces premières recommandations générales.