« Recréer l’harmonie avec le vivant, éviter une autre pandémie » est le premier angle de la série de conférences organisées autour dun concept « Une seule santé » par L’Obs et 1Health (groupe dont fait partie La Semaine Vétérinaire) le 31 mars 2022 à Bordeaux.
Le lien entre santé humaine, santé animale et respect des écosystèmes prend forme auprès du public initié, mais aussi du grand public. Avec l'effet catalyseur de la pandémie, bien entendu, mais pas seulement. Le premier débat du cycle « Une seule santé » dont l’Obs et le groupe 1Health sont partenaires, avec le soutien de Boehringer Ingelheim, Ceva, MSD Santé animale, Région nouvelle Aquitaine, Viatrix, ont permis de mettre en avant la nécessaire prise en compte du vivant dans sa globalité, et l'importance de préserver la biodiversité.
« Nous travaillons depuis plus de 4 années sur le thème Une Santé » témoigne en introduction Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine. En outre, pour faire face à la crise sanitaire, la région a créé dès début novembre 2020 un Conseil scientifique local composé d’un ensemble d’experts issus de différents domaines.
Ce cycle de conférences répond « aux valeurs de L’Obs d’être au contact des régions » renchérit Julie Joly, directrice générale de L’Obs, et Julien Kouchner, P. D.-G. de 1Health de poursuivre que ce cycle de conférences est là pour « porter des discussions, des réflexions, des propositions fortes, qui sont pour la France et l’Europe (…) pour permettre un écosystème humain, animal, environnemental ».
60% des maladies humaines sont d’origine animale et 75% des maladies émergentes le sont aussi, rappelle Gilles Bœuf, professeur de biologie, ex-président du Muséum national d’Histoire naturelle, élu de Nouvelle-Aquitaine qui nous interpelle sur le monde vivant, son évolution, la place de l'humain, mais aussi des virus et autres microorganismes. La chauve-souris est porteuse d’un grand nombre de virus, ils colonisent des écosystèmes variés. Les chauves-souris sont souvent impliquées dans les maladies humaines en tant que réservoirs soit en raison de leur proximité avec les humains, soit du fait de trafics illégaux de la faune sauvage, soit parce que l’humain consomme ces animaux, soit en raison de la destruction de l’équilibre des écosystèmes. Pourquoi le corps vétérinaire a été exclu au début de la pandémie de Covid-19 ? Pour Gilles Bœuf : « depuis le début, on se bat, le virus responsable du Covid-19 est un pathogène déjà connu des vétérinaires. Au 19ieme siècle, on était vétérinaire d’abord et après médecin ! ». En outre, Claude Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires, parlait déjà du One Health au 18ème siècle.
Depuis la Thaïlande, Serge Morand, écoloque, de la Santé au Cirad, auteur de la Fabrique des pandémies, appuie aussi ce lien entre la faune sauvage, la faune domestique et l’humain. « Nous sommes dans une épidémie d’épidémie. Depuis 2021, nous avons une augmentation des maladies zoonotiques, vectorielles, affectant les animaux d’élevage. Une augmentation des maladies qui touchent les plantes. Le changement climatique affecte la relation. » Parmi tous les facteurs d’émergence de ces maladies d’origine animale, plusieurs sont identifiés : l’augmentation de la démographie humaine, les échanges internationaux, le changement climatique, les modifications des écosystèmes, le commerce légal et illégal d’animaux sauvages.
Françoise Jeanson, médecin et vice-présidente de la région Nouvelle-Aquitaine, en charge notamment de la santé, aspire à un changement de paradigme qui apparait petit à petit. « On se rend à l’évidence qu’il faut compter sur toutes les santés (humaine, animale, environnementale, végétale) ».
Notre consoeur, Véronique Luddeni, membre du Conseil national de la protection de la Nature (CNPN) et du SNVEL, a rappelé le rôle majeur du vétérinaire, à l’intersection de la santé animale, humaine, et de l'écosystème. « On réfléchit à la fois de façon individuelle mais aussi avec une vision collective ».
Rendez-vous est donné pour le prochain débat « une seule santé » le 15 juin prochain à Bruxelles.
Lire le compte rendu détaillé dans La Semaine Vétérinaire du 15 avril 2022.