Lors d'une conférence qui s'est tenue le 7 décembre 2023, la Direction générale de l'agriculture et du développement rural de la Comission Européenne a présenté les conclusions d'un rapport portant sur les perspectives à moyen terme (2035) de la production, de la consommation et du commerce des secteurs des cultures arables, des produits laitiers, de la viande, de l'huile d'olive et du vin, ainsi que des revenus agricoles.
"Dans les années à venir, la résilience des agriculteurs européens continuera d’être mise à l’épreuve par l’évolution du climat et des conditions du marché ainsi que par l’évolution des demandes sociétales qui devraient diminuer leur consommation de viande bovine, de viande porcine, de sucre et de vin" selon un rapport de la Direction générale de l'agriculture et du développement rural de la Comission Européenne. C'est pourquoi, pour soutenir les agriculteurs dans la transition vers des systèmes de production agricole plus durables, tout en devenant plus résilients et compétitifs, la politique agricole commune joue un rôle crucial via son financement des projets de transition verte et numérique. En témoigne le rapport présenté le 7 décembre 2023 qui prend en compte les politiques agricoles et commerciales en vigueur en septembre 2023 pour évaluer l'avenir de l'agriculture de l'Union Européenne (UE), en tenant compte des principaux facteurs susceptibles de l'affecter tels que le changement climatique, la demande des consommateurs ou l'évolution de la structure du secteur agricole.
Des caractéristiques propres à chaque filièreEn ce qui concerne le lait et les produits laitiers, selon les conclusions du rapport, la productivité laitière de l'UE devrait continuer à augmenter, mais à un rythme plus lent, avec des normes de qualité et de durabilité élevées générant davantage de valeur ajoutée dans le secteur. L’UE restera l’un des deux principaux exportateurs de produits laitiers au monde même si, en raison d’une diminution attendue du cheptel laitier, la production laitière de l’UE pourrait légèrement diminuer. Pour les produits carnés, comme l'ont indiqué les rapporteurs, la consommation de viande bovine dans l'UE reste confrontée à des problèmes de prix élevés, de santé des consommateurs et de durabilité. Ceci, combiné à une faible rentabilité, devrait entraîner une nouvelle baisse de la production d'ici 2035: le cheptel bovin total de l'UE devrait diminuer de 3,2 millions de têtes (10 %). De même, la production de viande porcine de l’UE devrait diminuer de 0,9 % par an jusqu’en 2035, ce qui correspond à près de 2 millions de tonnes par rapport à 2021-2023. La consommation de viande ovine et caprine restera relativement stable, mais la production et le cheptel de l'UE diminueront, entraînant une augmentation des importations. Parmi les viandes, seule la volaille pourrait continuer à bénéficier d’un prix à la consommation moins élevé, d’une image relativement plus saine et de l’absence de contraintes religieuses, ce qui devrait pousser la production de volaille à la hausse d’ici 2035.
Des projections pour l'avenirPar ailleurs, les experts ont également développé un scénario qui analyse la manière dont les changements passés de température et de précipitations affectent les rendements mondiaux des animaux et des cultures et comment le changement climatique perturbera dans un avenir proche la production et le commerce agricoles. Malgré une augmentation mondiale des superficies récoltées pour le maïs, le riz, le soja et le blé, le rendement de ces produits continuera de diminuer et la production mondiale de viande porcine et de volaille pourrait également diminuer en raison d’une disponibilité réduite de céréales fourragères. Compte tenu de la demande alimentaire croissante attendue, il est essentiel de mettre en œuvre des stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique pour contrebalancer ces impacts potentiellement négatifs. Néanmoins, comme l'ont signalé les rapporteurs, "en raison des inévitables incertitudes concernant les évolutions macroéconomiques et les relations géopolitiques et commerciales, ce rapport représente davantage une base de référence pour les futurs travaux d’analyse de la Commission européenne plutôt que d’une prévision en tant que telle".