Ce troisième séminaire scientifique en format digital, co-organisé par l’Animal University et l’Université Paris Nanterre les 5 et 6 décembre 2020, avait pour but de changer le regard que nous portons sur les animaux de compagnie.
L’esprit de congrès Pet revolution était de « développer une vision et des pratiques différentes envers nos animaux de compagnie, en considérant qu’ils sont tellement sensibles et intelligents », comme l’a déclare notre confrère comportementaliste Thierry Bedossa.
Un élan collectif pour le bien-être
L’idée est que nous pouvons tous, à notre niveau, faire en sorte d’améliorer le bien-être des animaux de compagnie, et de permettre l’instauration d’une relation juste entre eux et leurs propriétaires. Pour Isabelle Vieira, fondatrice du réseau « Le chien mon ami », il convient d’instaurer un « vivre ensemble » avec le chien, le plus bel ami de nos familles, ce qui permettrait également de limiter les morsures. « Les professionnels du monde animal devraient se réunir autour d’un élan collectif, afin que les propriétaires n’accueillent pas un chien pour l’éduquer, mais pour l’épanouir » interpelle notre consœur.
Certains troubles du comportement de nos animaux de compagnie peuvent en effet être révélateurs d’un mal-être. Notamment, nos consœurs Emmanuelle Titeux et Noëlle Faivre, consultant respectivement en médecine du comportement et en dermatologie à l’Ecole vétérinaire d’Alfort, rappellent que chez le chat, des lésions cervicales de grattage ou une alopécie régulière de l’abdomen liée à un toilettage exacerbé, sans dermatose associée, sont des lésions auto-induites qui doivent alerter sur la nécessité de référer en médecine du comportement.
Améliorer la relation homme-animal
Ces troubles peuvent être liés davantage, pour certains, à une méconnaissance des besoins des animaux ou un environnement adapté, et pour d’autres à une maladie mentale. Nos confrères zoopsychiatre Claude Béata et comportementaliste Antoine Bouvresse ont confronté leurs points de vue à ce niveau. Des études montrent qu’il existerait des bases génétiques communes à certaines psychopathologies humaines et animales, cependant les symptômes n’en seraient qu’apparentés. De plus, l’utilisation d’un psychotrope, recours final en cas d’échec d’une thérapie comportementale pour Antoine Bouvresse, est une « arme de première intention pour redonner sa plasticité au cerveau », pour Claude Béata. Cependant, nos confrères s’accordent sur le fait qu’il convient de proscrire la prescription d’un psychotrope sans thérapie comportementale associée. Cette dernière est la base du traitement d’un trouble du comportement et elle doit être adaptée à chaque individu, en abordant les cas sans jugement et avec empathie, à la fois pour l’animal et sa famille humaine. Thierry Bedossa et Jasmine Chevallier, vétérinaire comportementaliste, ont également montré les bienfaits d’un travail interdisciplinaire avec des éducateurs canins ou un psychologue, pour trouver un compromis entre les attentes du propriétaire et les besoins de l’animal. Enfin, la maltraitance animale, liée à la maltraitance humaine, et qui devrait être intégrée à certains diagnostics différentiels, et la douleur animale, qui ne peut être bien définie qu’en connaissant l’individu qui la ressent, sont également des nouveaux défis de notre profession.
La loi sur le bien-être animal débattue début 2021
Notre confrère et député Loïc Dombreval a affirmé souhaiter donner du temps pour que sa proposition de loi visant l’amélioration du bien-être des animaux de compagnie soit débattue sereinement, avant d’annoncer qu’il devrait y avoir des « avancées significatives » d’ici la fin de janvier 2021.
Photo : Sarah Jeannin, psychologue et éthologue, et Thierry Bedossa, vétérinaire comportementaliste, faisaient partie des co-organisateurs et co-animateurs du congrès digital Pet Revolution