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PigWatch : détecter les comportements délétères des porcs en élevage

Lorenza Richards | 25.07.2019 à 15:04:00 |
accéléromètre porc
© Armelle Prunier

Une technique de détection automatisée des conduites agressives chez le porc est en cours de développement. Elle repose sur l’utilisation d’un accéléromètre.

Des recherches réalisées dans le cadre du projet européen PigWatch (Eranet Anihwa*), qui vise à développer l’élevage de précision, tentent de mettre au point une méthode de détection des bagarres chez les porcs. Développée par l’Unité mixte de Recherche (UMR) Pegase réunissant l’Inra** de Saint-Gilles (Ille-et-Vilaine) et le CEA-Leti*** de Grenoble (Isère), elle consiste à suivre les comportements individuels des porcs de façon automatisée grâce à un accéléromètre contenu dans une boucle auriculaire, qui enregistre les variations de l’accélération des mouvements dans les trois dimensions de l’espace. Le capteur est connecté à un smartphone. « Dans ce projet, nous nous sommes focalisés sur les bagarres, en nous demandant s’il était possible de mettre au point un modèle mathématique pour les détecter à partir des données du capteur, » explique Armelle Prunier de l’Inra, coordinatrice du projet. Pour cela, une étude a été réalisée sur 32 porcs équipés avec ce dispositif dans 4 loges. Leur activité a été enregistrée par caméra vidéo, à intervalle régulier durant 2 mois, jusqu’à l’âge de 167 jours, afin de déterminer la correspondance entre le comportement observé et les données des accéléromètres.

Détection de comportements révélateurs

Afin de détecter et signaler les bagarres, « il convient dans un premier temps de déterminer les comportements qui en sont révélateurs, indique la chercheuse. Par exemple, des mouvements brefs d’accélération détectés par le capteur indiquent que l’animal donne des coups de tête, comme cela est souvent le cas lors de bagarre. » La confrontation entre ces comportements annotés sur les vidéos enregistrées et les données d’accélération émises par les capteurs a permis à l’équipe d’établir des algorithmes de prédiction des comportements. « Une fois établis, nous les avons intégrés dans le smartphone qui est devenu capable de détecter les bagarres. »

Dans un second temps, il convient de fixer le nombre limite de comportements agressifs détectés sur une durée donnée, à partir duquel une alerte peut être envoyée à l’éleveur. « Cette limite est difficile à établir, et nous en sommes aux premières étapes de réalisation de ce projet, constate Armelle Prunier. Au-delà des bagarres, l’algorithme permet de prédire si l’animal est au repos ou actif. Il devrait donc permettre de déterminer si les animaux d’un groupe s’agitent de façon anormale. » Cela peut en effet avoir plusieurs applications. L’augmentation du niveau d’agitation peut signer un problème de bagarre ou de cannibalisme, mais également un dysfonctionnement du système alimentaire, par exemple. Sa diminution, à l’inverse, peut montrer une inactivité anormale, chez un animal malade, par exemple.

Des résultats encourageants

Les premiers résultats permettent de noter des pics d’activité en début de matinée et en début d’après-midi, comme cela a été décrit dans la bibliographie. Aucun comportement de cannibalisme n’a été observé dans cette étude. En revanche, « l’algorithme permet de détecter les bagarres avec une sensibilité proche de 40 % et une spécificité supérieure à 80 %, indique la chercheuse. Il reste à fixer une limite fiable à partir de laquelle l’activité signe un comportement anormal, en élargissant encore notre base de données. Des progrès sont attendus, mais jusqu’à présent, les nouveaux résultats inclus dans les équations nous ont permis d’améliorer la robustesse de ces dernières, mais pas la qualité de la précision. » Cela reste toutefois encourageant pour la validation du système et son utilisation future. « Le nombre d’animaux à équiper dans une loge est à déterminer en fonction des objectifs à atteindre. L’équipement de quelques porcs sentinelles dans une loge peut suffire pour signaler la survenue d’un épisode de bagarres, alors que l’équipement individuel est nécessaire pour identifier un animal malade. » Enfin, ces études ont été menées chez des porcs en engraissement, mais cela peut être appliqué à d’autres tranches d’âge ou aux truies.

Animal Health and Welfare

** Institut national de la recherche agronomique

*** Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives-Laboratoire d'électronique et de technologie de l'information

Pour en savoir plus : Prunier A, Tallet C, Lagarrigues G et coll. Vers une détection automatisée des comportements délétères des porcs en élevage. JRP. 2019;51:25-30.

Lorenza Richards
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