Le risque d’introduction de la peste porcine africaine, exacerbé par l’arrivée de la maladie sur le territoire italien, avait motivé l’annonce d’un plan de lutte par le ministère de l’agriculture, en début d’année 2022. Dans ce cadre, plusieurs actions ont été mises en oeuvre dans le sud-est du territoire, notamment des contrôles de biosécurité dans les élevages de suidés.
Où en est-on du plan de lutte contre la peste porcine africaine (PPA) ? A ce jour, il suit son cours, nous ont répondu les experts du ministère de l’agriculture, sollicités par nos soins. Comme ils l’ont rappelé, si la situation sanitaire est évolutive en Europe, « d’une manière générale, on peut dire que l’exposition du territoire est permanente du fait de la persistance du virus en Europe de l’Est, en Asie en Afrique ou même à Hispaniola. » Il y a d’une part le risque lié à une contamination de proche en proche depuis la faune sauvage, et « ce risque est à l’heure actuelle plus prégnant à la frontière italienne ; la faune sauvage infectée en Allemagne est encore loin ». D’autre part, il y a aussi « le risque d’introduction par les activités humaines » qui concerne tout le territoire étant donné « qu’on ne sait pas où une denrée contaminée pourrait arriver ».
Des marges de progrès en biosécuritéDans le sud-est, « une action collective visant à vérifier que l’ensemble des sites de détention de suidés des départements des Alpes-Maritimes, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence, et Var sont suffisamment protégés au regard du risque d’introduction de la PPA via la faune sauvage a été mise en place début 2022 ». Elle a consisté en un recensement exhaustif de tous les détenteurs porcins, associé à une évaluation du niveau de biosécurité de leur site. « Un bilan de la stratégie conduite a été réalisée fin septembre 2022, à l’initiative de la Direction générale de l’alimentation. Au 23 septembre 2022, 322 lieux de détention avait fait l’objet d’une évaluation de la biosécurité sur les 338 identifiés, soit 97% des lieux de détention, la majorité des lieux de détention recensés et non évalués avaient cessé leur activité. 25 % de ces élevages ont été évalués comme étant conformes suite à la visite d’investigation. Les autres sont actuellement suivis et accompagnés pour qu’ils se mettent rapidement en conformité », ont indiqué les experts du ministère. Les principales non-conformité constatées, portaient sur le risque de contamination par intrusion ou via contact de porcins avec des sangliers sauvages, en particulier par rapport aux clôtures ; et aussi sur le risque de contamination par les intervenants notamment par rapport aux sas sanitaires. « Les enseignements tirés de cette action collective de protection des élevages vis-à-vis de la PPA spécifiquement déployée en PACA seront intégrés dans stratégie nationale de prévention de la PPA », ont précisé les experts du ministère.
Une surveillance de la faune sauvagePar ailleurs, la surveillance a été renforcée dans la faune sauvage. « Des travaux ont été menés par l’Office français de la biodiversité en collaboration avec la Fédération nationale des chasseurs, pour établir des zones qui seraient favorables au passage des sangliers entre l’Italie et la France. Des contacts ont été établis au niveau national et régional (région du Piémont) avec les autorités italiennes », ont indiqué les experts.
Il est aussi à noter que les autorités sanitaires cherchent aussi à renforcer leur capacité analytique pour le dépistage de la PPA : ainsi, un appel à candidature vient d’être lancé pour recruter un laboratoire d’analyse supplémentaire. A ce jour, seuls 2 laboratoires sont agréés pour le diagnostic de première intention sur le territoire métropolitain pour le diagnostic de la PPA : un dans le Bas-Rhin, et un deuxième dans la Sarthe. Un autre laboratoire est aussi agréé en Guadeloupe. L’appel à candidature vise un laboratoire qui serait situé en Bretagne.
Selon le dernier bulletin de veille épidémiologique de la plateforme ESA, à ce jour, la situation en Italie est stable depuis six semaines dans le Latium (Rome) et la Piémont mais un cas a été confirmé chez un sanglier sauvage en Ligurie, à l’est de la zone infectée (commune de Busalla). Depuis la détection du premier cas italien début janvier 2022, au 23 octobre, 185 cas de PPA ont été confirmés dans le nord de l’Italie, le cas le plus proche de la France étant situé à 76 km de la frontière. Pour la zone du Latium, au 23 octobre, ce sont 49 cas qui ont été confirmés depuis le premier cas détecté début mai 2022. A cela s’ajoute aussi un foyer dans une basse-cour qui avait été confirmé début juin : il s’agit de l’unique foyer domestique confirmé en Italie, depuis la découverte de la maladie dans le compartiment sauvage.