Le foyer a été confirmé le 25 mai dans un élevage de porcs plein-air, situé à environ 6 km de la frontière française au sud du Bas-Rhin. Dans ce contexte, les autorités sanitaires renforcent leur dispositif de lutte et surtout en appellent à la responsabilité de toutes les parties prenantes.
La menace de la peste porcine africaine (PPA) monte d’un cran. Le 25 mai 2022, les autorités sanitaires allemandes ont confirmé un foyer en élevage, le cinquième du pays, situé à environ 6 km de la frontière française, au sud du département du Bas-Rhin ! Le foyer concerne un élevage de 35 porcs élevés en plein-air situé à Forchheim dans le Baden-Württemberg. Tous les porcs de l’élevage ont déjà été abattus. Les autorités sanitaires allemandes ont mis en place une zone réglementée (zones de protection et de surveillance), avec restriction des mouvements, et renforcement de la surveillance de la faune sauvage. Il est notamment prévu le déploiement d’une vingtaine d’équipes cynophiles (2 personnes et un chien par équipe), et aussi de drones thermiques dans la zone non forestière, avec de détecter rapidement tout cadavre de sangliers. Il est aussi prévu des dépistages sérologiques pour tous les sangliers tirés ou accidentés, via les chasseurs, dans une large zone autour du cas. A ce stade, aucun autre cas n’a été confirmé dans la faune sauvage autour de l’élevage.
Un saut à l’ouestCette découverte est une surprise, étant donné que le virus circulait jusqu’à présent dans l’est de l’Allemagne. Pour rappel, la première confirmation de la PPA sur le territoire allemand remonte à septembre 2020. Il s’agissait d’un cas sur une laie retrouvée morte à l’est du pays, dans le Land de Brandebourg, à 6 km de la frontière polonaise. Cette introduction là, par contre, n’était pas une surprise, étant donné que le virus circulait activement en Pologne depuis 2014 : d’abord présent au nord-est du pays, près de la Biélorussie, le virus avait peu à peu diffusé largement dans tout le 1/3 est du territoire polonais. Puis, fin 2019, des premiers cas avaient été détectés à proximité de la frontière allemande.
En Allemagne, après l’introduction en septembre 2020, la maladie avait diffusé tout le long de la frontière polonaise, en tâche d’huile lié aux mouvements de sangliers, et par sauts liés probablement aux activités humaines. Le front est s’étend désormais sur une distance de 218 km du nord au sud. Des cas avaient aussi été confirmés en dehors de cette zone du front, à 160 km à l’ouest de la frontière polonaise. Seuls 4 foyers avaient été détectés en élevage : trois dans le Land du Brandebourg, et un dans le Land du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale.
Une origine inconnueL’origine de cette incursion dans l’extrême ouest de l'Allemagne n’est pas, à ce stade, connue, mais selon les experts de la plateforme ESA, « l’hypothèse la plus probable est une introduction via des activités humaines ». En effet, le virus de la PPA est très résistant, et peut persister sur des supports inertes souillés par de la matière organique contaminée (litière, aliments, équipements d’élevage, vêtements, véhicules de transport). Il peut persister plusieurs mois à années dans de la viande congelée. Cette capacité de résistance facilite les voies de transmission indirecte chez les suidés, que ce soit via le contact de matériels souillés ou l’ingestion de denrées alimentaires contaminées (restes de table).
Appel à la vigilanceLa menace allemande a amené les autorités sanitaires françaises à renforcer leur dispositif de lutte, a annoncé le ministère de l’agriculture par voie de communiqué de presse : renforcement de la surveillance en faune sauvage, recensement des détenteurs de porcs et sangliers, évaluation et appui aux mesures de biosécurité en élevage. « L’ensemble des professionnels et services de l'état ont été informés de cette situation et seront réunis la semaine prochaine en format cellule de crise pour rappeler la vigilance collective voire évoquer le renforcement de l'action de l'État », est-il indiqué dans le communiqué de presse.
Dans ce contexte, le ministère de l’agriculture a aussi émis un deuxième communiqué de presse rappelant les mesures de prévention contre la maladie. Ces mesures se limitent à la biosécurité, étant donné qu’aucun vaccin n’est à ce jour disponible.
En Europe, ce sont déjà 16 pays qui sont touchés par la PPA depuis sa première incursion en 2007 en Géorgie : Allemagne, Biélorussie, Bulgarie, Estonie, Hongrie, Italie (continentale et Sardaigne), Lettonie, Lituanie, Macédoine du nord, Moldavie, Pologne, Roumanie, Russie, Serbie, Slovaquie, Ukraine. La France est menacée sur trois fronts : un front nord-est avec l’Allemagne, un front sud-est avec l’Italie, et aussi dans la zone Caraïbes, la maladie ayant été détectée en République dominicaine et Haïti. Rappelons aussi que deux pays européens ont réussi le pari de l’éradication de la maladie sur leur territoire : la République Tchèque, et la Belgique. En République Tchèque, la maladie avait été détectée pour la première fois en juin 2017, en Belgique en septembre 2018. Après ses premières détections, les deux pays avaient ensuite mis environ deux ans pour éradiquer la maladie, et retrouver leur statut indemne au niveau mondial.
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