Alors qu’en Italie du nord, l’incidence de la peste porcine africaine est toujours élevée, en Allemagne un cas chez un sanglier vient d’être détecté à 100 km de la frontière française.
La peste porcine africaine (PPA) a fait un bond géographique en Allemagne. Selon le dernier bulletin de veille épidémiologique de la plateforme ESA, un cas a été détecté chez un sanglier dans la ville de Rüsselsheim du Land de Hess, au sud-ouest de Francfort. Soit une progression de 460 km des cas situés le long de la frontière germano-polonaise….amenant à une menace sanitaire dans le compartiment sauvage désormais à 100km de la frontière nord est de la France.
Ce cas a amené les autorités sanitaires allemandes à mettre en œuvre les mesures habituelles de biosécurité, avec en premier lieu la définition d’une zone de restriction de 15km autour du cas.
En parallèle, selon le bulletin, « dans la partie nord de la Saxe et le Brandebourg, l’incidence mensuelle augmente avec 29 cas sauvages détectés sur les quatre dernières semaines, dont 9 déclaration entre le 27 et le 31 mai 2024. Par ailleurs, « la pression se maintient à un niveau élevé au nord en Pologne à la frontière avec le Mecklembourg-Poméranie ». Côté domestique, depuis le 1er juillet 2023, un seul foyer avait été détecté en juin 2024 dans la ville de Pasewalk dans le Mecklembourg-Poméranie à 20km de la frontière polonaise (élevage de près de 4000 animaux).
Une extension inédite à l’ouest de l'Allemagne dans le compartiment sauvageCe rapprochement près de la frontière française n’est pas une première. Depuis l’introduction sur le territoire en septembre 2020 dans le compartiment sauvage à la frontière germano-polonaise, la maladie avait été détectée bien plus à l’ouest. Mais avec une grande différence ! Il s’agissait, en effet, uniquement de foyers en élevage : en mai 2022, dans le Bade-Wurtemberg, à 6km de la frontière française dans un élevage de porcs plein air ; puis en juillet 2022 en Basse-Saxe, à 20km de la frontière néerlandaise. Ces foyers n’avaient pas été associés à des détections de cas dans le compartiment sauvage. Au total, seulement 8 foyers ont été détectés depuis l’introduction de la maladie : le dernier, avant celui de juin 2024, ayant été confirmé en février 2023.
L’origine des foyers à l'ouest de 2022 n’a pas été confirmée, mais une origine humaine était suspectée. En effet, le virus de la PPA est très résistante et peut persister sur des supports inertes souillés par de la matière organique contaminée (litière, aliments, équipements d’élevage, vêtements, véhicules de transport). Il peut persister plusieurs mois à années dans de la viande congelée.
Ainsi, cette détection dans le compartiment sauvage très à l’ouest apparaît inédite pour l’Allemagne.
Une incidence toujours élevée en Italie du nordPendant ce temps-là, en Italie, l’incidence est toujours élevée dans le nord du pays, avec 57 nouvelles déclarations la semaine du 10 au 16 juin 2024 dans la zone Piémont/Ligurie/Lombardie/Emilie-Romagne. La maladie a été détectée dans d’autres zones d’Italie, dans le Latium, en Calabre, en Campanie (et toujours en Sardaigne depuis 1976), mais c’est uniquement dans le nord qu’elle circule activement.
Face à ce contexte sanitaire italien, une coopération transfrontlière avait été initiée entre la France et l’Italie. Avec tout dernièrement, une toute première réunion du Groupe de contact technique sur la PPA qui a eu lieu le 5 juin à Nice, a indiqué le ministère de l’agriculture dans un récent communiqué de presse. L’objectif : échanger sur les modalités de gestion de la maladie. Dans ce cadre, « des pistes de collaboration concrètes entre les deux pays ont été évoquées, comme l’échange de données épidémiologiques, des données de surveillance de la faune sauvage, ou la participation d’experts à des opérations de terrain. »
Le ministère vient aussi de rendre accessible un nouveau kit de communication grand public pour prévenir l’entrée de la PPA sur la territoire, accessible via ce lien.
A noter que la PPA menace aussi la France via les territoires ultra-marins, dans l’arc Caribéen, du fait de la présence de la maladie depuis juillet 2021 sur l’île d’Hispaniola (Haïti et République dominicaine).