Le premier enseignement de médecine légale vétérinaire s’est déroulé du 17 au 21 juin 2024, à VetAgroSup, à l’initiative de Sara Belluco et Antonin Tortereau, responsables pédagogiques, animé par l’ensemble des anatomopathologistes des 4 école nationales vétérinaires ainsi que par des vétérinaires experts et/ou spécialisés dans cette branche de l’anatomopathologie.
La médecine légale vétérinaire n’est pas une spécialité. Pour autant quand on voit le niveau d’expertise requise pour que les éléments recueillis par le vétérinaire puissent être utiles au travail de la justice et de la police, on mesure la nécessité d’une formation initiale et continue qui faisait jusque-là cruellement défaut.
Le programme de ces cinq journées comprenait l’analyse des lésions physiques (traumas, lésions thermiques, noyades, strangulations, suffocations et asphyxies, abus sexuels, lésions par arme à feu, empoisonnements), les morts subites et les techniques d’autopsie et recueil de prélèvements. La négligence et la maltraitance ont été envisagées. L’imagerie et la toxicologie ont un intérêt particulier en médecine légale, de même que les données entomologiques (permettant souvent de dater la mort de l’animal). La réalisation d’autopsies légales en gestion de la faune sauvage, lors d’expertise pour assurance a été abordée de même que la rédaction des rapports.
Des applications multiplesNotre confrère Gilbert Gault (L 92), vétérinaire fonctionnaire, a une grande expérience des collectivités locales, de la collaboration avec les forces de police et les politiques, ayant suivi sur le terrain, par exemple, l’impact de l’évaluation de la dangerosité de chiens qui peuvent défigurer ou tuer des enfants. Sa formation et expertise en toxicologie le place régulièrement au cœur d’affaires d’empoisonnement de chevaux, de bovins où la vitesse de réaction pour faire réaliser les prélèvements ad hoc est un précieux atout pour permettre l’établissement de la vérité. Au-delà de ses bonnes connaissances juridiques, il souhaitait « acquérir une culture générale en médecine légale, pour valider ses acquis de terrain ». Il a particulièrement apprécié au cours de ce module de voir comment la médecine légale humaine fonctionne et comment la médecine légale vétérinaire peut s’en inspirer.
Comme nous l’a rappelé Christian Diaz (expert près la Cour d'Appel de Toulouse) « nous sommes des techniciens, qui décrivent ce qu’ils voient et le confrontent à l’état actuel des connaissances scientifiques validées. »
« Actuellement, les juges ou les assurances (notamment pour les chevaux de sports) nous demandent de quantifier les préjudices subis par les animaux (équivalent aux incapacités totales de travail, ITT), des notions encore embryonnaires en médecine vétérinaire (même si l’immobilisation temporaire d’un cheval de course intoxiqué par un foin frelaté se chiffre rapidement en manque à gagner). Demain peut-être serons-nous incités d’évaluer le préjudice psychologique de l’animal maltraité » espère Gilbert Gault.
La prochaine session se déroulera du 30/06 au 04/07/2025. Inscriptions et renseignements sur formation.continue@vetagro-sup.fr
À l’honneur : Marine Le Dudal (A 16) est la première spécialiste européenne en anatomie pathologie et enseignante vétérinaire française à avoir obtenu le certificat (créé en 2020) en médecine légale vétérinaire délivré par un groupe d’experts européens, qui témoigne de son expérience en médecine légale vétérinaire.