La réélection d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne le 18 juillet 2024 est le fruit d’un exercice politique d’équilibriste, qui promet un peu de tout à tous...
Une soixantaine de législations ont déjà été adoptées sous la mandature européenne précédente, afin de lutter contre le réchauffement climatique ! (*) Reste à réellement les mettre en œuvre et aussi à trouver comment les financer.. . Quant aux dernières élections européennes de juin 2024, elles ont renforcé le camp des critiques du Pacte vert sans pourtant radicalement bouleverser les rapports de force : certes l’extrême droite et les nationaux-populistes ont progressé au détriment des libéraux et surtout des Verts, mais le Parti Populaire Européen (PPE) demeure le premier groupe et a même gagné des voix.
Avec le soutien des Verts, sauf Français !
Dans ce contexte, le 18 juillet 2024, la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen (65 ans), a été reconduite dans ses fonctions, avec 401 voix pour (284 contre, 15 abstentions). Pourtant courtisé par la candidate durant sa campagne, le parti d’extrême droite italien lui a tourné le dos… Et Ursula von der Leyen ne doit assurément pas non plus sa réélection aux Français ! En effet, dans son propre camp du PPE, dont font partie les Français des Républicains (LR), il n’y a pas eu de vote pour elle. Et si elle a bénéficié du soutien de 45 Verts européens (leur consigne étant de « se mettre en travers de l’extrême droite »), ce soutien a été obtenu sans les Verts français ! L’élue écologiste Marie Toussaint s’en est ainsi justifiée : « Ursula von der Leyen a tenu bon sur les valeurs face à l’extrême droite. Mais ce n’est pas suffisant ». (à écouter sur ce lien instagram).
Satisfaire un peu tout le monde ?
Dans son discours avant scrutin, Ursula von der Leyen a effectivement pris soin de prononcer un programme d’intention destiné à satisfaire un peu tout le monde … Par exemple, à ses soutiens du PPE, elle a promis « compétitivité, prospérité et une industrie propre ». Elle a aussi évoqué (pour les socialistes et les écologistes) « un plan logement abordable pour les ménages précaires ». Sans oublier « des frontières plus sûres » et la nécessité de financer une « transition verte et numérique » (via notamment la Banque européenne d’investissement, des capitaux privés et publics). Ainsi qu’un indéfectible soutien à l’Ukraine en guerre et l’ambition de construire une « Union européenne de la défense ». Etc.
Prochaine étape : la rentrée de septembre
Dès septembre, Ursula Von der Leyen devra constituer ce qu’elle nomme son équipe d’européens, avec le choix des commissaires. Quelles autres parties du Pacte vert voudra-t-elle - ou pourra-t-elle - alors sauver ? À voir, car la politique réserve parfois bien des surprises : pour preuve, alors que quasi plus personne ne croyait plus en sa victoire, la loi sur la restauration de la nature a bel et bien été adoptée le 17 juin dernier, grâce au « changement de pied » de dernière minute de la ministre autrichienne de l’environnement, Leonore Gewessler !
(1) Ont par exemple déjà été adoptés : la taxe carbone aux frontières pour une liste de produits importés. L’ interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur thermique en 2035 (avec une clause d’exception pour les petites constructeurs de luxe dans « l’amendement Ferrari »). En revanche la division par deux de l’utilisation des pesticides chimiques à l’horizon 2030 et leur interdiction totale dans les zones naturelles sensibles a été considérablement affaiblie à travers plusieurs amendements techniques, certains affirmant même que le texte ainsi amendé a « été vidé de toute substance ». Etc.