C’est un véritable bras de fer qui est en train de se jouer à Oniris, un établissement issu de la fusion en 2009 de l’École nationale vétérinaire de Nantes et de l’École nationale des travaux des ingénieurs agro-alimentaires.
En effet, depuis un peu plus de deux ans, une incompréhension grandissante se cristallise entre une partie du personnel, des représentants des étudiants et l’équipe de direction de l’école. L’une des causes du conflit concerne les unités de recherche.
Deux médiateurs pour l’enseignement du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont été mandatés par la DGER (Direction générale de l’Enseignement et de la Recherche) afin d’essayer de renouer le dialogue à Oniris : entre l’équipe de Direction, les représentants des étudiants et un Collectif de personnel, nommé CAO (« Collectif un Avenir pour Oniris »).
De la « casse » à Oniris ?
Une partie du conflit1 se cristallise autour du sort à réserver aux unités de recherche. Ont ainsi déjà été fermées : les unités de recherche de SSBR (Sécurité Sanitaire des Biotechnologies de la Reproduction), AMaROC (Cancers Animaux, Modèle pour la Recherche en Oncologie Comparée), le laboratoire de microbiologie… Commentaires du CAO : « la Direction maltraite une partie de l’école vétérinaire, ferme des unités de recherche (qui avaient pourtant reçu un avis positif des instances d’évaluation extérieures) mais en favorise d’autres (notamment liées à l’INRA), laisse fonctionner des groupes de travail et des AG. Mais pour, au final, arbitrer seule et unilatéralement, sans accompagnement, ni alternative viable et sans qu’aucun projet constructif ne soit proposé. Ce n’est pas un accompagnement mais de la casse ».
La Direction défend sa stratégie
Un point de vue que ne partage évidemment pas Dominique Buzoni-Gatel, qui a été nommée Directrice Générale d’Oniris, en juillet 2015. D’après elle, en effet, « il faut accepter que c’est le propre de toute unité de recherche, de naître puis d’être réorientée ou de mourir… Sans compter qu’elles sont soumises à l’évaluation externe du HCERES. J’ai été confrontée dès mon arrivée en 2015 à Oniris à quelques unités qui avaient déjà eu des injonctions d’évolution ou de rapprochement avec d’autres structures lors d’évaluations précédentes, mais qui ne l’avaient pas fait… ».
Et d’ajouter : « Aujourd’hui, en complément de la dotation de base versée par le Ministère de l’Agriculture (de l’ordre de 2500 € par chercheur et par an), il faut nous appuyer aussi sur des grands organismes de recherche (INRA, INSERM, CNRS), où il existe des ressources d’animation scientifique, d’accompagnement au montage de projets et de valorisation des résultats de la recherche. C’est pourquoi nous privilégions désormais le modèle des UMR (Unités Mixtes de Recherche) avec ces organismes. Seul leur appui nous permettra d’être compétitifs pour décrocher des financements de plus grande envergure, par exemple par l’Agence Nationale de la Recherche ou par les appels d’offres européens. C’est grâce à ce genre de partenariats que les enseignants-chercheurs d’Oniris pourront élever leur niveau de publication et attirer des doctorants, si importants pour le dynamisme des Unités de Recherche ».
De plus, souligne Marc Gogny, Directeur Général Adjoint à Oniris, « la fermeture des Unités de Recherche ne peut pas être le fait du prince. Ce sont des choix qui doivent être validés tant par le Conseil scientifique que par le Conseil d’administration ».
1Á lire dans une prochaine édition, les autres causes du conflit à Oniris.
Oniris, en quelques chiffres
Oniris compte 1080 étudiants (320 ingénieurs et 760 vétérinaires), 300 fonctionnaires (dont 116 enseignants-chercheurs), 150 agents contractuels sur budget (pour beaucoup dans le Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire). L’école dispose d’un budget de 20 M€, auquel s’ajoutent 21 M€ de masse salariale des fonctionnaires directement rémunérés par le ministère.
Source : DGER.
Photo : Pour la Directrice Générale, Dominique Buzoni-Gatel, Oniris doit privilégier le développement du modèle des UMR (Unités Mixtes de Recherche). Qui bénéficient du soutien financier du Ministère, mais aussi d’autres grands organismes de recherche (INRA, INSERM, CNRS).