Les réfugiés Ukrainiens sont autorisés à franchir les frontières, avec des exigences sanitaires restreintes pour leurs animaux de compagnie. Mais qu'en sera-t-il de leur suivi vétérinaire sur du plus long terme ?
Rapidement après le début du conflit russo-ukrainien, les flux migratoires d’urgence de réfugiés avec leurs animaux de compagnie ont été rendus possibles aux frontières. Il se pose maintenant la question de savoir quel suivi sanitaire va cependant être exigible sur du plus long terme pour ces animaux.
DDPP et praticiens vétérinaires en première ligneEn France, le Conseil National de l’Ordre Vétérinaire et le site du Ministère ont déjà indiqué que les propriétaires d’animaux de compagnie (chiens, chats, furets) entrés récemment sur le territoire français et ne répondant pas aux exigences réglementaires habituelles1 « sont invités à contacter dès que possible un vétérinaire ou la Direction Départementale de la Protection des Populations du département de destination ».
Mais avec quelles directives précises harmonisées ?Cependant, à la date du vendredi 11 mars 2022, aucune consigne plus détaillée n’avait encore suivi ce premier communiqué de presse d’urgence. On peut supposer qu’il va être mis en œuvre la procédure habituelle qui existe lorsque des animaux sont découverts sur notre territoire en y étant introduits par exemple illégalement. Dans le cas notamment du suivi du risque rage, l’animal est alors muni d’une puce électronique qui permet son enregistrement dans le fichier I-Cad et il est demandé à son propriétaire de rester plusieurs mois au même endroit, afin qu’à cette adresse, il puisse y avoir un suivi régulier auprès d’un praticien vétérinaire, sachant que le temps d’incubation de la rage peut durer jusqu’à six mois.
Plus difficile à organiser avec des réfugiésCependant, cette procédure semble naturellement plus difficile à mettre en œuvre avec des réfugiés qui vont peut-être multiplier des adresses en court séjour (notamment en centres d’hébergement?) avant de s’établir en long séjour quelque part (en additionnant peut-être plusieurs pays d’Europe?). Il se posera peut-être aussi parfois un problème de coût, dans le cas où des réfugiés n’auront pas les moyens financiers nécessaires pour ce faire… Un mécanisme d’aide pourrait-il alors être mis en place ? Émanant de l’État, des collectivités, de la profession vétérinaire, d’associations comme « Vétérinaires Pour Tous » ou de la part des praticiens eux-mêmes qui se porteraient volontaires ?
Avec des flux importants d’animaux ou pas ?Les réponses à ces diverses interrogations sont actuellement encore très incertaines dans la mesure où personne ne sait non plus combien d’animaux seront concernés. En effet, s’ils ne sont que quelques-uns, ou au contraire un nombre important, la réponse elle-même de l’État (et d’autres...) pourrait être différente. Pour l’heure, les DDPP sont en train d’identifier les toutes premières arrivées en France.
Une évaluation allemande du risque « rage » rassuranteUn autre critère de cette gestion de crise tiendra aussi évidemment à l’évaluation de l’importance des risques sanitaires encourus. En matière de rage notamment, il existe déjà une première information rassurante émanant du Laboratoire national allemand de référence pour la rage basé à l’Institut Friedrich Loeffler et de sa commission permanente pour les vaccinations vétérinaires (StIKo Vet) , qui ont écrit ceci2 : « Même si l’Ukraine ne peut pas encore être considérée comme exempte de rage, la maladie n’est apparue que très rarement ces dernières années, même chez les chiens non vaccinés. Selon les calculs du Laboratoire national de référence pour les lyssavirus de l’Institut Friedrich Loeffler, la probabilité qu’un chien soit en phase d’incubation au moment où il traverse la frontière est de 1:300 000. Ce risque extrêmement faible s’applique aux chiens non vaccinés. Chez les chiens vaccinés, le risque est largement négligeable. Ce sujet représente actuellement l’un des moindres défis, mais dans le cas d’un rapport préliminaire correspondant, la rage doit toujours être prise en compte si les symptômes ne sont pas clairs ».
1. Les chiens et chats en provenance d'Ukraine entrant dans l'Union européenne doivent habituellement répondre aux exigences réglementaires suivantes : animal identifié, valablement vacciné contre la rage, animal titré avec résultat favorable -3 mois avant importation, accompagné d’un certificat sanitaire original.
2. À lire sur https://vetsforukraine.com puis rubrique « évaluation du risque de maladie » (en anglais : Desease Risk Assessment).