Quelles sont les espèces de culicoïdes associées à la faune sauvage en région tempérée européenne ? - Le Point Vétérinaire.fr

Quelles sont les espèces de culicoïdes associées à la faune sauvage en région tempérée européenne ?

Clothilde Barde

| 26.06.2023 à 12:30:00 |
© brytta

Dans un travail, publié le 5 juin 2023, regroupant l’Unité mixte de recherche ASTRE du Cirad (Organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes), l’OFB (Office français de la biodiversité) et la Plateforme ESA (plateforme d'épidémiosurveillance en santé animale), les chercheurs ont fait le point des connaissances actuelles sur les espèces de culicoïdes associées à la faune sauvage.

"Dans les élevages de la région paléarctique, les larges zones boueuses, chargées en matière organique d’origine animale (urine, fèces) et piétinées par les animaux, sont identifiées comme des habitats larvaires préférentiels pour les espèces de culicoïdes associées aux ruminants d’élevage" indique une publication du Cirad, de l’OFB et de la Plateforme ESA du 5 juin 2023. En effet, le genre culicoides, qui rassemble plusieurs espèces de petits moucherons, est responsable de la transmission d’orbiviroses aux ruminants sauvages et domestiques, dont la fièvre catarrhale ovine (FCO) et la maladie épizootique hémorragique et, lors de leur développement, les stades immatures (de l’œuf à la nymphe) des parasites se développent dans des substrats humides riches en matière organique d’origine végétale ou animale.

Des espèces cosmopolites en région tempérée

Or, comme les données sur les communautés d’espèces de culicoïdes paléarctiques associées à la faune sauvage sont rares, dans cette publication, un ensemble de chercheurs a réalisé une revue (non exhaustive) de la littérature la plus récente en ciblant les régions européennes partageant les mêmes communautés d’espèces que celles décrites en France. Dans les travaux de recherche retenus, des suivis entomologiques ont été réalisés dans des environnements naturels afin de caractériser la diversité des espèces ainsi que les dynamiques des populations de culicoïdes. D'après les résultats obtenus, il semblerait que les larves des culicoïdes peuvent être retrouvées dans une grande variété d’habitats : principalement dans la vase ou les boues qui entourent les collections d’eau (de la flaque au lac), les bords de rivières, ruisseaux ou tourbières, mais aussi les bouses ou les litières humides des grands vertébrés ou encore les trous d’arbre et les végétaux en décomposition. De plus, même si les habitats larvaires hébergent généralement des communautés d’espèces, les caractéristiques du milieu (salinité, pH, quantité de matière organique d’origine animale ou végétale) déterminent plus spécifiquement leurs compositions.

De nombreuses espèces aux caractéristiques variées

Parmi les différentes espèces de culicoïdes identifiées, certaines sont ubiquistes, comme les larves de C. obsoletus, espèce abondante et largement distribuée en région paléarctique et qui se développe dans les litières de forêt, dans des trous d’arbre, dans des résidus d’ensilage de maïs ou dans du fumier en voie de compostage. A l’inverse, d’autres espèces peuvent être inféodées à un certain type d’hôte et d’habitat larvaire, comme C. chiopterus, qui est associé aux bovins (présence dans les bouses). Enfin, les espèces de Culicoides classiquement reconnues comme vectrices de virus d’intérêt pour les ruminants domestiques en région paléarctique tempérée non-méditerranéenne (virus de la FCO, virus de Schmallenberg) sont : C. obsoletus, C. scoticus, C. chiopterus, C. dewulfi, C. pulicaris, C. punctatus, C. lupicaris et C. newsteadi

Un rôle de "pont" entre milieu naturel et milieu d'élevage

Comme l'ont noté les chercheurs après l'examen de ces différentes travaux, il semblerait que la composition des communautés d’espèces de culicoïdes ne dépend pas du type de ruminant présent. Ainsi, le choix d’hôtes pourrait dépendre fortement de la disponibilité en hôte dans des préférences trophiques non strictes. De plus, les analyses de diversité des culicoïdes et celles des comportements trophiques des espèces présentes en milieu naturel et en milieu d'élevage soutiennent l’hypothèse que "les culicoïdes peuvent jouer un rôle dans la transmission de virus entre les hôtes sauvages et les hôtes domestiques entre les environnements d’élevage et naturels". Toutefois, selon eux, il manque encore actuellement des données internationales sur la transmission des orbiviroses aux ruminants. 

Clothilde Barde

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