Le sous-type viral H1avN2 reste majoritaire, avec toutes les souches qui sont de génotype #E.
La plateforme Epidémiologie Santé Animale (ESA) a publié le bilan du réseau national de surveillance des virus influenza A chez le porc (Résavip) pour 2022, ainsi que le rapport d’activité associé.
Pour cette année 2022, ce sont 248 visites d’élevage qui ont été réalisées (contre 302 en 2021), sur 202 sites différents répartis sur 24 départements de 10 régions. Dans 82% des cas, la visite a été motivée par un appel de l’éleveur sur une suspicion de syndrome grippale. La grande majorité des élevages (167) ont été visités une seule fois. La Bretagne a fourni le plus grand nombre de prélèvements.
Un virus grippal a été détecté dans 46,2% des cas (114 visites) ce qui est un niveau de positivité habituel depuis plusieurs années (moyenne entre 2012 et 2019 de 47%, pic en 2020 avec 52%). Un virus a pu être identifié dans 71% des cas (81/114).
Moins d'écart entre les deux sous-types majoritairesCette année encore, avec une détection dans 56,8% des sous-types identifiés, le H1avN2 est majoritaire. Toutefois, l’écart avec le H1avN1 s’est réduit, ce dernier représentant en 2022 37% des virus identifiés. En 2021, le H1avN2 représentait 58,4% des souches identifiées, contre 26,7% pour le H1avN1. Rappelons que jusqu’en 2019, le H1avN2 était un virus sporadique (virus isolé ponctuellement sans diffusion apparente dans l’espèce). C’est ensuite au cours de l’année 2020 qu’un virage dans la distribution des lignages s’est effectué, au profit de ce sous-type viral, et au détriment du H1avN1. Le génotype #E a été associé à toutes les souches H1avN2 identifiées en 2022. A noter que le H1N1pdm circule toujours et est le 3e lignage le plus fréquent, correspondant à 4,9% des sous-typages, ce qui est habituel. De manière plus sporadique, ont été détectés des lignages H1pdmN2 et H1huN2.
Pour la localisation géographique, le H1avN2 est surtout détecté dans le grand ouest (Bretagne+++, Pays de la Loire++), et beaucoup plus rarement dans le sud-est (1 seul élevage).
Côté clinique, sur 232 visites, 53,9% était caractérisée par une grippe classique d’intensité normale, et 13,8M avec une intensité élevée. Pour 26,7% de ces visites, il s’agissait d’un épisode de grippe récurrente d’intensité normale.
Une circulation enzootique du H1avN2Ces résultats sont dans la continuité de ceux de 2021. Pour les experts du réseau, cela confirme que le nouveau virus H1avN2 « circule désormais de manière enzootique dans les élevages en France ». Comme ils le soulignent, « cette circulation enzootique d’un génotype viral supplémentaire dans les élevages augmente les risques d’infections simultanées par plusieurs virus influenza A différents, lesquelles peuvent elles-mêmes conduire à l’émergence de nouveaux virus réassortants, toujours plus nombreux et dont l’impact ne peut être prédit ».
Pour rappel, les objectifs du Résavip sont de caractériser la répartition géographique des virus, évaluer leur dynamique et définir les profils épidémiologiques des infections. Cela participe donc indirectement à l’appréhension du risque en santé publique. Rappelons en effet que tous les virus influenza A porcins ont un potentiel zoonotique. Des cas sporadiques de transmission du porc à l’humain sont décrits dans le monde, généralement de nature bénigne. En France pour la première fois en 2021, un cas de grippe humaine due à un virus influenza d’origine porcine avait été détecté. La souche virale identifiée était proche du du H1avN2 #E.