Retours de la 21ᵉ ECVP/ESVP Summer School à Cluj-Napoca - Le Point Vétérinaire.fr

Retours de la 21ᵉ ECVP/ESVP Summer School à Cluj-Napoca

Nicole Govaerts

| 25.10.2024 à 16:16:00 |
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Notre consœur Nicole Govaerts a participé à la 21ᵉ ECVP/ESVP Summer School, qui s'est tenue à Cluj-Napoca, 2ème ville de Roumanie, du 15 au 26 juillet 2024. Elle nous livre ses impressions dans cet article, le premier d'une série de deux.

Le 15 juillet 2024, c’est le professeur Marian Taulescu, directeur de l'ECVP Residency Training Center de Cluj, qui accueille les participants, et ce pour la 2ème année consécutive, dans l'« Amphithéâtre rouge » de la Bibliothèque de l’USAMV (Université des Sciences Agronomiques et de Médecine Vétérinaire). Dans le public presque exclusivement européen et féminin, on dénombre 68 participants, avec une majorité de Roumaines, d'Espagnoles et d'Italiennes, mais aucun Français !  Hors Europe, on note une Australienne, une Égyptienne, une Zimbabwéenne et parmi les hommes, un Chinois et un Israélien.

Un programme chargé

La formation débute par une journée entièrement consacrée à la pathologie porcine, qu’anime le professeur Joachim Segalés (Barcelone). Le programme s’avère très dense, mais équilibré, combinant des références approfondies à la pathologie des animaux d'élevage et de compagnie, avec un détour par les animaux exotiques et de laboratoire, dont on ciblera la pathologie spontanée.

L’objectif des participants

Ce qui unit fortement les participants autour de ce vaste programme de 12 jours est leur intérêt commun pour l'examen du « Board Européen » de Pathologie Vétérinaire, reconnu par l'EBVS (European Board of Veterinary Specialisation), dont la réussite constitue leur objectif à plus ou moins long terme.
Comme on s’en doute, l’examen du Board européen est inspiré de celui du Board américain, mais avec des exigences et des modalités différentes, à tel point qu’une participante à la Summer School me confie qu'elle envisage de tenter plutôt la version américaine, car des sessions sont organisées en Europe, c’est devenu très simple !

Le résidanat, un parcours de longue haleine

Les parcours de vie des participants dont la moyenne d’âge est de 35 ans sont déjà si variés qu'il est ardu de tous les énumérer.

Les plus âgés sont en général bien intégrés dans le monde professionnel, notamment en toxicologie ou en diagnostic, tandis que les plus jeunes poursuivent un PhD ou hésitent encore sur leur avenir. La plupart sont en cours de résidanat, en 1ʳᵉ, 2ᵉ ou 3ᵉ année. Cependant, le déroulement du résidanat et de l'examen du Board ne sont pas identiques pour tous. Au fil des ans, depuis leur création, les résidanats et les examens se sont adaptés aux emplois du temps des candidats. L’un a commencé par un internat, plusieurs autres ont choisi un résidanat à plein temps sur trois ans, tandis que pour certains un résidanat à mi-temps sur quatre ans était la meilleure solution. Il existe un format modulaire plus complexe. L’une ou l’autre résidente est déjà auréolée de son succès à plusieurs épreuves du Board et n’a conservé qu’une ou deux épreuves pour la prochaine session, qui aura lieu à l'École nationale vétérinaire d'Alfort en janvier 2025.

Détaillons quelques parcours. Une jeune Danoise a acquis une expérience dans l'industrie des cosmétiques avant de passer son diplôme de vétérinaire. Elle prévoit de faire un PhD avant d'entreprendre sa résidence. Une Portugaise, spécialisée dans les autopsies d'animaux de zoo, souhaite ajouter le diagnostic histopathologique à ses compétences. Un Israélien travaille à mi-temps dans un laboratoire d'État en Israël tout en effectuant sa résidence à mi-temps à Cluj. Une jeune Allemande termine un PhD sur l'influenza aviaire à Leipzig et espère poursuivre une carrière dans la recherche.

L’emploi du temps à Cluj

Le programme alterne entre une petite quantité de cours théoriques, très orientés vers la préparation de l'examen, et des mock tests (examens blancs). Le microscope a disparu du décor : les coupes sont désormais scannées et les images transmises aux participants via une plateforme informatique.

Nous avons passé la journée « immersion » d'entraînement à l'examen des photos macro devant un grand écran, sous la direction des professeurs Jérôme Abadie et Frédérique Nguyen de l’ENVN. Les participants étaient invités à prendre la parole tour à tour pour énoncer un diagnostic, puis nous avons effectué un mock test sur 20 photos diffusées en temps réel, avec 2 minutes pour commenter chaque diapositive par écrit. « Nous avons organisé cette session au moins cinq fois depuis la création de la Summer School ; d'ailleurs, la première édition s'était déroulée à Nantes ! » se souvient Frédérique Nguyen.

Screening des conférenciers

Les participants sont venus des quatre coins de l’Europe voire du monde pour écouter des conférenciers venus eux aussi de très loin. Pour progresser dans ce métier, il faut être mobile.
Des États-Unis, de France et du Royaume-Uni, toxicologues et enseignants-chercheurs ont fait le déplacement pour nous présenter ce programme qui se distingue par sa variété et par le très haut niveau de qualité des exposés. Les anecdotes sur leur parcours de vie sont parfois savoureuses. La professeure Cathy Carlson raconte que sa famille, d'origine suédoise, a migré au Minnesota il y a plusieurs générations. Tout au long de sa carrière, jusqu’à ce jour de conférence à Cluj, elle a collaboré avec la professeure émérite Stina Ekman, elle-même suédoise et basée en Suède, sur l'ostéochondrose. « Toute ma carrière a consisté à démontrer la concordance des lésions d'ostéochondrose dans différentes espèces animales », confie-t-elle. Elle espère nous motiver avec une histoire personnelle : « Parfois, la seule structure normale visible sur un prélèvement osseux est la plaque de croissance ! Notez ce détail dans votre description, cela vous donnera peut-être le point qui m'a manqué il y a 30 ans à l'épreuve d'histopathologie de l'examen de l'ACVP (American College of Veterinary Pathology). Je veux vous éviter cet échec que je ne souhaite à personne. »

Nicole Govaerts

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