Royaume-Uni : un projet pour identifier les chiens responsables d’attaques sur le bétail - Le Point Vétérinaire.fr

Royaume-Uni : un projet pour identifier les chiens responsables d’attaques sur le bétail

Bénédicte Iturria

| 29.10.2024 à 09:30:00 |
© heebyj-iStock

Face à l'augmentation préoccupante des attaques de chiens sur le bétail au Royaume-Uni, un projet de recherche inédit est lancé pour identifier les responsables grâce à l'ADN canin. Soutenu par des vétérinaires et chercheurs, ce programme vise à réduire les incidents et à responsabiliser les propriétaires. 

Selon la Mutuelle du Syndicat national des agriculteurs britanniques (NFU Mutual), des animaux de ferme d'une valeur estimée à 2,4 millions de livres sterling ont été gravement blessés ou tués par des chiens en 2023, soit une hausse de près de 30 % par rapport à l'année précédente. Le Sud-Ouest a été la région la plus touchée en termes de coût, avec des attaques sur le bétail coûtant environ 359 000 £, suivi par les Midlands (331 000 £). Une enquête de la  NFU Mutual auprès des propriétaires de chiens a aussi révélé une augmentation de 4 % du nombre de personnes laissant leurs chiens sans laisse à la campagne par rapport à 2022. Moins de la moitié des personnes interrogées ont répondu que leur animal revenait toujours lorsqu'on l'appelait. Hannah Binns, spécialiste des affaires rurales à la NFU Mutual, a déclaré : « nous avons entendu des agriculteurs parler de propriétaires qui laissent régulièrement leurs animaux se promener sans laisse dans la campagne, apparemment inconscients du carnage que le chien pourrait provoquer et qui sont ensuite horrifiés lorsqu'une attaque se produit ».

Développement de kits de détection précoce

En mai 2024, l’Université John Moores de Liverpool a lancé un projet de recherche pionnier intitulé Canine DNA Recovery Project (CDnaRP). Dirigé par Nick Dawnay, il vise à développer, promouvoir et appliquer les meilleures pratiques pour la collecte et l'analyse de l'ADN canin sur le bétail attaqué. Actuellement, obtenir des échantillons médico-légaux appropriés est difficile car les attaques se produisent souvent dans des endroits reculés. Selon Nick Dawnay, « la police criminelle rurale ne peut pas toujours se rendre sur les lieux en temps opportun, de ce fait il arrive souvent qu’aucun échantillon médico-légal ne soit prélevé sur le bétail blessé ou décédé ». Le moment du prélèvement des échantillons est important car « l’ADN d’un chien fautif ne restera pas longtemps sur un animal exposé aux éléments ou sur une carcasse qui a été altérée ou déplacée ». Cela a conduit l’équipe de Nick Dawnay, soutenue par les vétérinaires d'IVC Evidensia et de Synergy Farm Health, à développer des kits de détections précoces pour collecter l'ADN des chiens responsables des attaques sur le bétail. Destinés aux policiers, vétérinaires et agriculteurs, ces kits sont faciles à utiliser et permettent de prélever l’ADN en quelques minutes sur les lieux de l’attaque. Les échantillons sont ensuite remis à la police.

Participation des vétérinaires

Après un essai de validation réussi au Pays de Galles, le projet est entré dans sa deuxième phase en septembre 2024. Pendant douze mois, ces kits seront distribués aux forces de police et aux agriculteurs de dix régions d’Angleterre et du Pays de Galles, avec le soutien des équipes vétérinaires rurales. David Martin, responsable du groupe bien-être animal chez IVC Evidensia et membre du comité directeur du CDnaRP, promeut l’essai des kits auprès des vétérinaires. Il a ainsi déclaré : « en tant que profession, nous pouvons soutenir cette recherche en veillant à ce que des échantillons soient prélevés sur autant de cas que possible dans les zones concernées afin que l'équipe de l’Université John Moores reçoive suffisamment de matériel pour pouvoir terminer ce projet le plus rapidement possible. Toutes les cliniques d'IVC Evidensia des régions participantes sont encouragées à utiliser ces kits et nous voulons nous assurer que toutes les structures de ces régions soient au courant de cet important projet ».

Cette expérimentation, qui a également été présentée à la récente conférence de la Sheep Veterinary Society à Morpeth, intervient à un moment où les groupes vétérinaires et agricoles appellent de plus en plus à une action pour résoudre le problème des attaques. Comme le cite Hannah Binns : « non seulement ces attaques causent des souffrances inutiles au bétail, mais elles peuvent également traumatiser les agriculteurs et leurs familles lorsqu’ils doivent faire face aux conséquences ».

Projet de loi en cours

Un projet de loi sur la protection des animaux d'élevage (amendement) est actuellement en cours d'examen au Parlement. S'il est adopté, il donnera à la police le pouvoir de prélever un échantillon d’ADN sur un chien suspect afin de le comparer à l’ADN canin laissé sur les lieux d’une attaque. Les propriétaires irresponsables pourront ainsi être réprimés. Pour Dave Allen, secrétaire du groupe de travail de la police du nord du Pays de Galles en charge des infractions liées au bétail, « ces kits constituent une avancée majeure et peuvent être utilisés pour un problème qui suscite de vives inquiétudes dans nos communautés rurales britanniques ».

Bénédicte Iturria

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