Royaume-Uni : un rapport sur les structures vétérinaires face au changement climatique  - Le Point Vétérinaire.fr

Royaume-Uni : un rapport sur les structures vétérinaires face au changement climatique 

Fabrice Jaffré

| 19.11.2024 à 09:00:00 |
© witsarut sakorn-Getty Images

Un rapport de la British Veterinary Association et Vet Sustain met en lumière les actions concrètes pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.

« Le changement climatique pourrait bien être la plus grande menace sanitaire mondiale du 21e siècle, et il aura des répercussions directes dans le secteur vétérinaire ». C'est par cette phrase que débute le rapport "zéro émission nette : le rôle des structures vétérinaires dans la lutte contre le changement climatique", réalisé conjointement par la British Veterinary Association (BVA) et Vet Sustain (l'alter ego outre-Manche d'EcoVeto).

La profession vétérinaire, en relation entre autres avec les éleveurs, les agriculteurs et les propriétaires d'animaux domestiques, joue un rôle important dans la réalisation des objectifs climatiques du Royaume-Uni, souligne le rapport. Et les avantages d'une démarche de réduction de l'empreinte carbone dans la structure vétérinaire sont multiples : meilleure résilience face au changement climatique, économies de coûts, anticipation de la législation future, amélioration du recrutement et de la rétention des collaborateurs, fidélisation des clients.

Anna Judson, vice-présidente de la BVA, « espère sincèrement que [ce rapport] inspirera tous les acteurs de notre secteur à prendre des mesures plus audacieuses contre le changement climatique, pour le bien des personnes, des animaux et de la planète ».

Trois niveaux de transition sont distingués : le niveau individuel, le niveau de la structure, et enfin le niveau plus général de la profession. Une méthodologie de mise en place de la transition écologique dans la structure est proposée dans le rapport. Elle comporte quatre étapes.

4 étapes

La première étape est l'engagement en faveur de la durabilité environnementale, qui sera facilité par l'acquisition de connaissances permettant de comprendre le changement climatique et ses impacts. Sur le lieu de travail, des engagements clairs de la part des dirigeants sont considérés comme particulièrement importants pour intégrer les objectifs de développement durable dans la culture de l'entreprise. Des objectifs annuels pourront être définis, tout comme une vision à court terme (5 à 10 ans) et à long terme, en visant la neutralité carbone en 2050.

La deuxième étape concerne la planification d'actions. Un bon point de départ est la réalisation d'un bilan carbone, afin d'identifier les "hot spots", autrement dit les activités les plus émissives de gaz à effet de serre. On tiendra bien sûr compte de la difficulté de mise en place de l'action, ainsi que de son coût. Les exemples d'actions présentées dans le rapport concernent le tri des déchets, le développement de la mobilité douce, le passage à un fournisseur d'énergie verte, l'optimisation des anesthésies gazeuses. On notera l'absence d'action sur les achats, qui représentent pourtant généralement le poste d'émission numéro 1 des gaz à effet de serre.

L'exécution des actions planifiées constitue la troisième étape. Les auteurs précisent qu'il est important d’évaluer continuellement les progrès et de réviser le plan, afin qu’il reste à la fois efficace et réalisable, tout en étant suffisamment ambitieux.

Enfin, la quatrième étape consiste à célébrer et partager les avancées, tant en interne qu’en externe, afin d'inspirer les parties prenantes.

Des études de cas

Outre une liste de ressources utiles, le rapport intègre des études de cas dans des univers variés, allant d'une clinique à des sociétés de services en passant par une école vétérinaire. Sont ressortis des différents témoignages plusieurs points, à commencer par la nécessité de se former. Cette formation doit concerner l'ensemble de l'équipe, et non uniquement les dirigeants. Le rapport préconise d'ailleurs l'intégration de la durabilité dans les programmes des écoles vétérinaires

L'autre point qui revient régulièrement est la nécessité de prendre le temps nécessaire, malgré l'urgence de l’action climatique. Hélène Gould, vétérinaire au Old Hall Veterinay Center, dans le comté de Cambria, conseille  « de commencer lentement et d'introduire le changement par petites étapes afin d’aider les gens à vous suivre ». «  N’oubliez pas de commencer par quelque chose de simple, car il peut être très simple d’être efficace, et une étape peut rapidement en conduire à une autre », ajoute de son côté Jane Clark, directrice des services vétérinaires de la Food Standards Agency. Cela doit en même temps se faire sans se perdre dans le « comptage des trombones », précise Phill Elliott, praticien au Small World Vet Center à Liphook, dans le comté d’Hampshire. Et accepter que cela n’aille pas aussi vite que prévu.

Enfin, la nécessité d'embarquer toutes les parties prenantes, qu'elles soient amont (fournisseurs) ou aval (clients et fournisseurs) revient plusieurs fois dans les différents cas. On pensera en France au questionnaire Quepaprev proposé par EcoVeto, qui met à la disposition du vétérinaire un questionnaire personnalisable à destination des parties prenantes de la structure.

Comment les auteurs imaginent 2050 ? « Une profession vétérinaire qui s'est adaptée pour soutenir les objectifs nets zéro du Royaume-Uni, qui est reconnue pour atténuer sa propre empreinte carbone, et qui se comporte comme un fervent défenseur de la durabilité environnementale et de ses avantages pour la santé et le bien-être des humains et des animaux ».

Fabrice Jaffré

1 commentaire
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miss6 le 04-12-2024 à 21:19:33
isabelle.medard@dbmail.com
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