Lors du Salon de l’agriculture, Alain Rousset, président de Nouvelle-Aquitaine a fait part de son souhait de créer une nouvelle école vétérinaire à Limoges. Réaction de Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France.
« De la même manière que l’on a une difficulté pour attirer des médecins de santé humaine en milieu rural, et qu’on a, en Nouvelle-Aquitaine, essayé de rapprocher les études médicales en faisant des premières années dans des zones plus rurales, il faut qu’on ait une école vétérinaire en milieu rural », a affirmé Alain Rousset, le président de la région Nouvelle-Aquitaine, au micro de France 3 au dernier Salon international de l’Agriculture. Il a appelé ainsi à créer une 5ième école vétérinaire à Limoges, avec le soutien du ministère de l’Agriculture, afin de former des vétérinaires ruraux.
Selon Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France (FSVF), « il s’agit d’une idée ancienne que porte M. Rousset, mais à ma connaissance, aucune ébauche sérieuse de projet n’a débuté. Je note par ailleurs que le très récent rapport n°18119 du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux sur « L’installation et maintien de l’exercice vétérinaire en milieu rural » n’évoque pas ce projet alors que les missionnaires ont sillonné la France dont la Nouvelle Aquitaine. » Il ajoute : « Nous sommes, à la FSVF, tout à fait favorable à étudier un tel projet d’école vétérinaire publique. »
Face à un recrutement de vétérinaires praticiens qui sera sous « forte tension aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé non soignant*, de manière certaine jusqu'en 2023 et très probablement au-delà », il estime que la question, « plus de 40 années après l’ouverture d’une 4 ième école Vétérinaire à Nantes dans les années 80, d’étudier l’opportunité d’une 5ieme ENV est légitime à condition de s’en donner les moyens et de ne pas déstabiliser l’enseignement vétérinaire en France. »
« L’étude prospective a clairement démontré que le marché de l’emploi vétérinaire est très largement dominé par l’activité dite canine qui aspire les vocations. Ainsi, tout projet d’école vétérinaire doit se faire à l’aune de ce constat, poursuit-t-il. La problématique des déserts vétérinaires dans les zones à faibles densités d’élevage est essentiellement d’ordre économique, aggravée par les difficultés sociétales de la permanence et continuité des soins dans de telles zones**. »
L’idée d’une 5ième école vétérinaire n’est pas nouvelle, et d’ailleurs très récemment, Jean-Yves Gauchot avait souligné que des acteurs privés avaient sollicité le gouvernement pour créer une école privée. Interrogé à ce sujet, il nous avait ainsi indiqué fin novembre dernier que « la profession et ses organisations professionnelles vétérinaires se sont mises en ordre de marche afin d’identifier au mieux les forces et faiblesses de ce projet », tout en convenant que « pour le moment, rien ne permet d’affirmer avec certitude qu’une EVP permettrait de répondre aux difficultés identifiées. »
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* Selon une récente enquête prospective menée par les organisations professionnelles, le besoin annuel minimum en vétérinaires est légèrement supérieur à 1 000, dont environ 900 praticiens.
** Jean-Yves Gauchot nous a précisé que ces zones feront l’objet d’une géo-localisation précise par les services de l’Etat dans le cadre d’un projet d’article dans la loi « 3D » (décentralisation, différenciation et déconcentration) dont l’objectif serait de permettre aux collectivités territoriales d’établir des conventions avec des vétérinaires exerçant la pratique rurale dans les zones de très faible densité d’élevage.