Bien plus qu’un concept, One Health (« une seule santé ») est une nécessité. Du VIH au Covid 19, de la grippe aviaire à Ebola, les grandes épidémies sont toutes d’origine animale.
Entre humains et non-humains le destin est commun. On peut alors se demander si le fait que l’animal soit omniprésent dans le débat contemporain est la manifestation d’une sensibilité nouvelle ou plutôt la fin du déni. Comme l’écrit l’ethnologue Sergio Dalla Bernardina, peut-être s’agit-il moins d’une prise de conscience que de l’admission d’une évidence : les animaux nous ont toujours été proches. Si notre émancipation conjointe avec eux tarde à se traduire politiquement, les réflexions sont activées. S’interroger sur les animaux dépasse aujourd’hui le cadre des sciences naturalistes et relève aussi des sciences humaines et des arts. Dans les croisements de disciplines, les approches progressent. Ni anthropocentrées ni animalocentrées, elles s’orientent, au-delà des spéculations ontologiques, vers une éthique des relations.
Le confinement est l’occasion de méditer ces perspectives. Grâce notamment à deux revues récentes. La première, numérique et gratuite, réunit des contributions du 141ème Congrès national des sociétés historiques et scientifiques consacré à « l’animal et l’homme ». Dans la seconde, publiée par les Presses universitaire de Louvain, l’écrivain Gil Bartholeyns exprime très bien comment dans son roman intimiste Deux kilos deux* la question animale s’est imposée comme un « continent archaïque » transcendant les frontières et ravivant en lui le sentiment « terrestriel ».
* Voir La Semaine Vétérinaire n°1826 du 18/10/19, page 55.
De la bête au non-humain : perspectives et controverses autour de la condition animale, dirigée par Sergio Dalla Bernardina, 2020, Editions du Comité des travaux historiques et scientifique (CTHS) :
Revue générale n° 2 – hiver 2019 – Dossier : Des animaux et des hommes, Presses Universitaires de Louvain, 16x24 cm, 254 pages, 22 €.