Six leviers pour une production d’agneaux bas carbone - Le Point Vétérinaire.fr

Six leviers pour une production d’agneaux bas carbone

Ségolène Minster

| 01.07.2024 à 12:20:00 |
© iStockphoto- mtreasure

Le centre interrégional d’information et de recherche en production ovine (CIIRPO) mène une étude pluriannuelle pour évaluer l’efficacité de leviers de décarbonation. Il vient de publier une fiche de synthèse des résultats. Dans son troupeau expérimental, l’empreinte carbone nette est améliorée de 22% en moyenne sur les 3 années d’étude.

Le CIIRPO mène sur son site d’innovations et de recherches du Mouriers (Haute-Vienne) une étude sur 250 brebis et agnelles afin d’évaluer l’impact de six leviers de décarbonation. Les leviers concernent la conduite d’élevage au niveau alimentaire et de la reproduction. L’étude a été menée de 2021 à 2023. Les brebis sont de race vendéenne et les animaux disposent de 35 hectares de prairies. Les objectifs recherchés sont de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en limitant la durée des animaux en bergerie, en diminuant l’alimentation concentrée et le recours aux fourrages stockés et augmenter le stockage de carbone sur la ferme.

Des durées de lutte réduites

La durée des luttes d’automne est passée de 35 jours (2 cycles) à environ 20 jours (1 cycle). Un facteur clé de réussite de cette pratique est la bonne note d’état corporel des brebis et agnelles (au moins 2,5) à l’introduction des béliers. Le constat de gestation (échographie) est aussi nécessaire dans le cas de luttes très courtes. La fiche du CIIRPO indique ainsi « lorsque l’alimentation des brebis en lactation est partiellement ou totalement assurée en bergerie avec des fourrages et des concentrés achetés, des luttes de courtes durées réduisent celles des mises bas et entraînent de fait, des économies d’aliments».  Le taux de fertilité a été peu pénalisé par cette pratique, atteignant 85%.  Le second levier lié à la reproduction concerne les mises bas plus précoces au printemps, ceci afin de profiter du meilleur de l’herbe. Les agnelages ont pour cela été avancés d’une quinzaine de jours.

Des rations parfaitement ajustées à la qualité des fourrages

Dans cette étude, les fourrages conservés ont été analysés (enrubannage et foin). « Chacun d’entre eux a ensuite été réparti aux animaux présentant le stade physiologique le plus adapté, accompagné des quantités de concentré ajustées aux besoins des animaux» indique la fiche du CIIRPO. Un autre levier a été de semer du colza fourrager pour finir les agneaux, en remplacement de l’herbe, qui fait souvent défaut aujourd’hui en raison des conditions climatiques estivales. Cette solution se substitue à l’utilisation de concentrés. Enfin du pâturage hivernal a aussi été utilisé.

Une amélioration des résultats techniques

Le nombre d’agneaux par brebis a été majoré de 20% et la quantité de concentré par couple mère-agneaux a été fortement réduite : 113 kg pendant l’étude contre 172 kg avant. Rapporté au kilogramme de carcasse produite, deux fois moins de concentré a été nécessaire pendant l’étude (4,3 kg vs 8 kg avant la mise en place des leviers). La durée de pâturage a été majorée de 13 jours en moyenne.

Ces résultats ont pour conséquence une baisse des émissions de gaz à effet de serre ainsi qu’une amélioration de la marge. Une baisse de l’empreinte nette de 22% a été constatée (émissions brutes de GES moins le stockage de carbone, en kg équivalent CO2/ Kg équivalent carcasse). L’étude va se poursuivre en 2024 et 2025, ce qui permettra de suivre les effets de ces leviers au long cours.  

Ségolène Minster

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