Lancé en septembre 2019 par Théo Noguer, vétérinaire, le projet SoliVet accompagne les structures sociales dans la prise en charge des propriétaires d'animaux en situation de précarité, « afin que cet animal devienne un vecteur de réinsertion et de lien social. »
Le projet SoliVet a reçu fin mai le Prix #BetterwithPets de Purina, qui met en avant les projets qui s'appuient sur le lien entre les animaux de compagnie et les humains pour améliorer la société. Sur plus de 150 participants d'Europe, Moyen-Orient et Afrique du Nord, le projet SoliVet a remporté la deuxième place dans la catégorie "Idea-stage Innovation". Son fondateur, Théo Noguer revient sur la genèse de cette initiative sociale et solidaire.
La Semaine Vétérinaire : Comment est né le projet SoliVet?
Théo NOGUER : Je suis fraichement diplômé de l’Ecole nationale vétérinaire de Lyon (VetAgro Sup). Lors de mes années d’études, j’ai participé à la création du Dispensaire Vétérinaire Etudiant de Lyon, que j’ai présidé pendant 5ans. L’objectif était de fournir des soins vétérinaires gratuits aux animaux de personnes sans domicile fixe. Ce sujet m’a passionné. A la fin de ma 4ème année, j’ai suspendu mes études afin de m’engager à temps plein dans cette association. En 5ème année, mon souhait a été d’aller plus loin dans ce projet. J’ai décidé de quitter le dispensaire après 5ans d’engagement afin de créer SoliVet en septembre 2019.
S.V : Quelles sont les missions de SoliVet?
T.N : Aujourd’hui en France, un tiers des personnes sans domicile fixe posséderait un animal de compagnie. Mais moins de 10% des structures d’hébergement acceptent de recevoir des personnes avec animaux de compagnie. Le but de SoliVet est d’accompagner les structures sociales d’accueil, d’hébergement et de logement dans la prise en charge des publics précaires avec des animaux de compagnie. Notre objectif est de les sensibiliser afin qu’elles acceptent ces propriétaires. Notre accompagnement repose sur trois axes principaux : la formation du personnel social, l’accompagnement comportemental des animaux et les soins vétérinaires.
S.V : Pouvez-vous détailler ces trois axes ?
T.N : Nous formons le personnel social pour qu’il n’ait pas peur de l’animal et lui permettons de mieux gérer les situations du quotidien. Notre objectif est de développer des techniques de médiation animale comme cela se fait dans les Établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) ou les hôpitaux. Nous mettons également en place un accompagnement comportemental des animaux. Le retour et le maintien dans un logement peuvent favoriser l’apparition de troubles comportementaux. Notre rôle est d’accompagner l’animal pendant cette période compliquée. Nos ateliers d’éducation canine avec les propriétaires permettent de gérer au mieux ces situations. Enfin, notre association propose aussi des soins vétérinaires. Nous assurons le suivi vétérinaire des animaux concernés afin de garantir aux structures sociales un statut sanitaire correct. Aussi, la crise sanitaire actuelle nous rappelle que la santé animale et la santé humaine sont fortement liées. Nous rappelons que le médical lié à l’animal entraîne la médicalisation du propriétaire.
S.V : Quelles sont vos difficultés ?
T.N : Les difficultés que nous rencontrons concernent davantage les structures qui n’accueillent pas d’animaux de compagnie. Elles ont un fonctionnement assez tendu et manquent de places. Il est nécessaire de leur faire comprendre que l’animal n’est pas qu’une contrainte mais qu’il peut devenir un médiateur du travail social et être un vecteur de réinsertion. Par ailleurs, la crise sanitaire actuelle a soulevé de nombreuses difficultés pour les structures d’accueil restées ouvertes pendant le confinement. Face à l’afflux de demandes d’hébergement d’urgence, la situation de l’animal n’a pas été perçue comme une priorité. Nous travaillons à renouer le contact avec ces structures.
S.V : Comment votre projet a t-il été accueilli par la communauté vétérinaire?
T.N : Notre initiative est accueillie très favorablement. Nous présentons actuellement notre projet à la communauté vétérinaire de Lyon et Grenoble. Nous travaillons avec des structures vétérinaires partenaires et souhaitons élargir notre réseau. Nous comptons également parmi nos partenaires, l’antenne Auvergne–Rhône-Alpes du Syndicat National des Vétérinaires d'Exercice Libéral (SNVEL).
S.V : Quelles sont les ambitions de SoliVet?
T.N : Notre objectif est de lancer notre projet dans les villes de Lyon et Grenoble et développer le réseau de vétérinaires et d’éducateurs canins que nous mettons en place. A long terme, notre but est d’étendre notre projet à l’échelle national en proposant un accompagnement le plus global possible à ces structures d’accueil.
Composition du conseil d’administration de SoliVet : Théo NOGUER, vétérinaire et fondateur, Catherine ESCRIOU, DVM et enseignante en médecine des comportements à l'école vétérinaire de Lyon, Fred GOBINA (DVM) et Charlotte Nivelet, éthologue et chargée d'innovation sociale.
Vous êtes vétérinaires lyonnais ou grenoblois et souhaitez rejoindre l'aventure SoliVet ? Contactez SoliVet par mail (contact@solivet.org) ou sur son site internet.