Entre janvier et février 2018, 290 petits cétacés échoués morts, dont 80% de dauphins communs, ont été enregistrés sur la façade Atlantique. Plus de 2/3 des carcasses présentaient des signes compatibles avec une mort par capture accidentelle.
La polémique enfle sur les échouages de mammifères marins sur les côtes françaises.
Le 26 février, Sea Shepherd a accusé la France d’exterminer ses dauphins, en signalant une moyenne de 6000 dauphins échoués morts, pouvant monter jusqu’à 10 000 individus, sur les côtes de Vendée et de Charente Maritime. Les coupables désignés : les chalutiers pélagiques pêchant en bœuf (filet trainé par deux bateaux), ainsi que des chalutiers industriels à grande ouverture verticale.
Depuis deux ans, le littoral français connaît des niveaux d’échouages élevés.
Entre janvier et février 2018, le réseau national échouages (RNE) a ainsi enregistré environ 290 échouages de petits cétacés morts, dont 80% de dauphins communs, sur la façade Atlantique. Dans près de 70% des cas, les animaux présentaient des lésions compatibles avec une mort par capture accidentelle.
L’an dernier, de janvier à mars 2017, on comptabilisait 846 échouages de petits cétacés morts sur l’ensemble de la façade Atlantique, dont 90% de dauphins communs, avec près de 500 échouages pour la Vendée et la Charente Maritime. Dans 90% des cas, la capture accidentelle par un engin de pêche avait été mise en cause. Ces observations correspondaient à plus de 30 fois le niveau normal d’échouages habituellement observé sur les côtes françaises (entre 200 et 500 par an). Mais selon des estimations, ce seraient environ 4 000 dauphins communs qui seraient morts par capture accidentelle depuis le début de l’année 2017 dans le golfe de Gascogne. En effet, d’après une étude, environ 80% des dauphins morts ne s’échoueraient pas.
Depuis les années 90, des échouages multiples sont observés sur les côtes françaises, caractérisées par une forte concentration sur une courte période (supérieure à la norme saisonnière). Les années 1991, 1997, 1999, 2000, 2002, 2008 et 2011 ont ainsi été marquées par ce type d’événement. Pour autant, le début d’année 2017 dépassait le record de 1997 qui comptait plus de 700 individus échoués morts lors des trois premiers mois de l’année.
Suite aux échouages de 2017, un groupe de travail national associant la Direction de l’eau et de la biodiversité (Ministère de la Transition Écologique et Solidaire), la Direction des Pêches Maritimes, l’Institut Français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer (Ifremer), l’Agence Française pour la Biodiversité, l’Observatoire Pelagis (UMS CNRS – Université de la Rochelle, coordinateur du RNE), le Comité National des Pêches Maritimes et des Élevages Marins et l’organisation professionnelle Pêcheurs de Bretagne avait été mis en place. Les objectifs : améliorer les connaissances, notamment sur les interactions entre les flottes de pêche et les populations de petits cétacés dans le golfe de Gascogne ; prévenir les captures accidentelles et sensibiliser les professionnels de la pêche au recueil d’information.
La capture accidentelle, via des outils de pêche peu sélectifs, existe depuis 30 ans. Selon le RNE, elle constitue la principale cause de mortalité observée chez le dauphin commun depuis le début des années 1990. Au sein du groupe de travail, les discussions avec les professionnels de la pêche visent à faire évoluer leurs outils et leurs pratiques actuelles. Il est par exemple envisagé de développer et de tester sur les bateaux un nouvel outil utilisant des signaux répulsifs (système de dissuasion acoustique ou pinger) pour les dauphins.
Les enjeux sont de taille. D’abord pour la viabilité des dauphins communs. Selon le RNE, le nombre d’animaux capturés accidentellement par an dépasserait régulièrement 1,7% de la population, un seuil critique pour la survie de l’espèce. De plus, viser un taux acceptable de captures accidentelles est une condition nécessaire pour le maintien des populations de mammifères marins, et des écosystèmes, sur le long terme.
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