Lors d'une conférence à Nantes, Alexandra Lionnet, résidente en comportement, a abordé le diagnostic et les options thérapeutiques pour aider les animaux souffrant du syndrome HS-HA, en balayant certaines idées reçues.
Des chiens brutaux, infatigables, obsédés par la balle, qui harcèlent leurs congénères … De nombreux propriétaires démunis se tournent vers le vétérinaire pour gérer le comportement de leur animal de compagnie. Alexandra Lionnet (Liège 20), résidente en comportement au CHV Nordvet (La Madeleine, Nord) a ainsi déconstruit les idées reçues sur le syndrome hypersensibilité-hyperactivité (HS-HA), dans le cadre d’une conférence organisée par le club d’agility de l’école Oniris à Nantes, le 7 octobre 2024.
Le syndrome HS-HA, auquel la conférencière préfère la terminologie « trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité » (TDAH) canin, touche 5 à 15% des chiens. Les individus atteints semblent présenter un déséquilibre hormonal de dopamine et de sérotonine. « Il est important de comprendre que la cause de cette maladie a une composante génétique et dépend aussi du milieu, explique la conférencière, deux individus dans une même situation peuvent présenter un comportement pathologique ou sain. Par exemple, de nombreux animaux issus de fermes de chiots, sevrés bien trop tôt, sont pathologiques, mais ce n’est pas le cas de tous ».
Une affection sous-médicaliséeSeulement 15% des propriétaires sautent le pas et interrogent le vétérinaire à propos des problèmes comportementaux de leur animal. Il est alors intéressant de savoir reconnaître certains signes en consultation ou dans les commémoratifs. Une prise de contact brutale, une exploration exacerbée de la salle de consultation, un animal qui harcèle constamment le propriétaire, une tachypnée non anxieuse… Ces symptômes facilement observables doivent tirer la sonnette d’alarme.
« Pour choisir un traitement judicieux, il convient d’établir un diagnostic d’état (chien impulsif, compulsif…) qui décrit l’état émotionnel du chien, et un diagnostic nosographique qui met un nom sur la maladie. A partir de ce dernier, on choisit une thérapie et on donne une idée du pronostic ». Alexandra Lionnet décrit les états émotionnels du chien en trois zones : une zone verte (chien heureux), orange (en difficulté) et rouge (qui va mal). « Les chiens qui présentent un TDAH ont une zone verte très réduite, et déclenchent des comportements pathologiques à la moindre difficulté. Le but des exercices et de la thérapie est de transformer la zone orange en zone verte ».
Halte aux méthodes coercitivesLe traitement consiste alors en deux axes. Une thérapie d’abord comportementale, en proposant des comportements alternatifs : on incite par exemple le chien à aller chercher un jouet quand des invités arrivent, plutôt que de leur sauter dessus. « Il faut absolument arrêter les méthodes coercitives et éviter de mettre le chien dans des situations qui le frustrent ou lui font peur ». Dans certaines situations, il peut être essentiel d’avoir recours à un traitement médicamenteux. Certains praticiens peuvent se montrer frileux à utiliser de tels thérapies. Pourtant, des molécules à tropisme neurologique sont couramment utilisées comme le métoclopramide (neuroleptique) ou la mirtazapine (anti-dépresseur), a souligné la conférencière. La fluoxétine, inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine, est la molécule de choix. « La sérotonine qui est en déficit chez les animaux atteints du syndrome HS-HA est un neurotransmetteur inhibiteur du comportement. Elle a aussi une action pro-cognitive et permet d’augmenter l’apprentissage ».
Ainsi, le rôle principal du vétérinaire praticien dans l’approche de cette maladie est de savoir être alerté par certains comportements en consultation ou dans le quotidien de l’animal. Il est important d’aiguiller le propriétaire sur certaines thérapies, mais il faut aussi connaître ses limites, et référer impérativement les propriétaires les plus motivés.