Il apparaît un besoin de recherches afin d’affiner les connaissances sur l’impact des méthodes d’abattage sur les différentes espèces de poissons.
Le Centre national de référence pour le bien-être animal (CNR BEA) vient de publier un nouvel avis sur la protection des poissons d’élevage en contexte d’abattage. Comme il y est expliqué, il s’agit d’une auto-saisine qui fait suite à la première réunion de la plateforme « bien-être des poissons » initiée par le Comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture (CIPA). A cette occasion, « un besoin d’informations scientifiques sur la protection des poissons au cours de l’abattage, notamment lors de l’étourdissement, a été identifié. Pour répondre à cela, un travail de synthèse bibliographique a été proposé par le CNR BEA en accord avec le CIPA. »
A travers cette autosaisine, plusieurs objectifs étaient visés :
- Identifier les facteurs susceptibles de compromettre la protection des poissons de leur sortie du bassin de vie à leur mort dans la filière française ;
- Identifier l’origine de ces facteurs ;
- Identifier les étapes concernées : manipulations pré-étourdissement, étourdissement, mise à mort ;
- Identifier les conséquences des facteurs étudiés en termes de protection animale ;
- Identifier les méthodes pour mesurer ces conséquences ;
- Et enfin identifier des actions préventives/correctives pour limiter les conséquences négatives sur la protection des poissons.
Un manque d’étudesParmi les points clés du rapport, les experts concluent que les poissons « ont la capacité de traiter de l’information impliquant des processus cognitifs et centraux leur permettant de ressentir des émotions telles que la peur ou l’anxiété et de percevoir la douleur ». Dans ce cadre, l’état de stress pourra jouer sur la qualité des produits. « Les dimensions sensorielle et psychologique de la sensibilité des poissons sont toutes les deux nécessaires à prendre en compte pour développer des procédures d’abattage respectueuses des poissons, reconnus comme des êtres sensibles », est-il ainsi estimé.
Actuellement, plusieurs méthodes de mise à mort existent sur le terrain, chacune ayant des avantages comme des limites. Si les données de la littérature ne permettent pas « de dégager une hiérarchie des différentes méthodes » par rapport à la protection des animaux, transparaît tout de même « l’effet délétère de méthodes comme l’asphyxie ou la saignée sans étourdissement préalable ». De plus, « l’étourdissement par percussion est souvent une méthode moins stressante dans les études comparatives ». Par ailleurs, il manque des études sur certaines espèces, comme la daurade et le turbot.
Dans ce contexte, neuf recommandations sont faites : elles mettent notamment en avant le besoin d’évaluation des méthodes de mises à mort en fonction des espèces de poissons, et d’indicateurs fiables de stress et d’inconscience. Une recommandation indique aussi la nécessité de « limiter au strict nécessaire » les manipulations des poissons hors de l’eau et les pratiques à sec sur des poissons non étourdis. Tout comme la nécessité d’adapter à l’espèce et à la température de l’eau d’élevage la durée du jeûne imposée aux poissons avant la mise à mort. Un cadre réglementaire plus précis est également recommandé.
Cet avis ne prend pas en compte les aspects socio-économiques, qui, selon les experts, « devraient être également étudiés pour accompagner au mieux les professionnels vers l’utilisation de pratiques de regroupement, de transport et d’abattage plus respectueuses des poissons. »