Jusqu’à présent, aucun cas de contamination de chiens domestiques n’avait été rapporté dans le monde, et encore moins de cas de transmission du virus de l’humain au chien. Cette première description a été faite en France, à Paris.
Le 10 août, une publication du Lancet a décrit le cas, hautement probable, d’une transmission du virus du Monkeypox d’un humain à un chien de compagnie. C’est une première ! Jusqu’à ce jour, en effet, aucun cas clinique de contamination d’un canidé n’avait jamais été rapporté, en zones d’endémie africaines, ni ailleurs. Il n’y a pas non plus de données expérimentales à ce sujet.
Des lésions cutanéo-muqueusesComme il est détaillé dans la publication, le chien, un lévrier italien mâle de 4 ans sans antécédent médical particulier, appartient à deux propriétaires ayant été diagnostiqués positifs au virus. Les deux hommes, en couple libre, s’étaient présentés à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière le 10 juin dernier pour des lésions cutanéo-muqueuses associées à des signes généraux d’asthénie, maux de tête et fièvre.
12 jours après le début des signes cliniques, leur chien a présenté également des lésions cutanéo-muqueuses, en particulier des pustules abdominales et une fine ulcération anale. La publication ne mentionne pas de signes généraux.
Une analyse PCR a confirmé la présence du virus, sur du matériel biologique prélevé par grattage des lésions cutanées, en association avec un écouvillonnage de l’anus et de la cavité orale.
« Une véritable maladie canine » selon les auteursUne analyse génomique a ensuite été réalisée afin de comparer les souches virales du chien et d’un de ses propriétaires. « Les deux échantillons contenaient le virus de clade hMPXV-1, lignée B.1, qui s’est propagé dans les pays non endémiques depuis avril 2022. (…) Le virus qui a infecté le patient 1 et celui qui a infecté le chien présentaient une homologie de séquence de 100% » sur les kilobases séquencées, ont décrit les auteurs de l’article. Pour les modalités de transmission, les deux propriétaires ont indiqué dormir avec leur animal.
A noter que le chien n’a pas été en contact avec d’autres animaux domestiques ou humains, dès que ses 2 propriétaires ont été confirmés positifs au virus.
Pour les auteurs de l’article, « la cinétique d’apparition des symptômes chez les deux patients, et pas la suite, chez leur chien, suggère une transmission du virus d’homme à chien ». Etant donné les manifestations cliniques de l’animal, il s’agit selon eux, « d’une véritable maladie canine, et non d’un simple portage du virus par contact étroit avec l’homme ou par transmission aérienne (ou les deux). » Ils en appellent à « des investigations supplémentaires sur les transmissions secondaires via les animaux de compagnie ».
Des recommandations de l'AnsesDans ce contexte, il est bon de rappeler les recommandations faites par l’Anses en juin dernier, sur le risque de diffusion du virus aux animaux en France.
Pour les animaux de compagnie, les experts avaient émis des recommandations relevant « de mesures de précaution classiques visant à éviter la transmission d’un agent pathogène d’une personne maladie à son animal de compagnie, dans l’hypothèse d’une contamination de l’animal via des lésions cutanées et gouttelettes émises dans l’air ambiant et/ou via l’environnement contaminé ». En clair : pas de contact avec son animal de compagnie pendant toute la durée de l’isolement. Ou si pas possible, limiter les contacts au maximum en évitant de le toucher ou qu’il touche en retour tout objet ayant été en contact avec le malade (vêtements…), et lui interdire tout accès à sa chambre à coucher. Un port du masque chirurgical est aussi recommandé à proximité de l’animal.
Les recommandations sont plus drastiques pour les petits mammifères qui apparaissent comme les plus susceptibles d’être infectés par un humain (rongeurs, lagomorphes). Dans ce cas, les experts recommandent des les garder en cage pendant la période d’isolement, et de désinfecter la cage à l’eau de Javel une fois par semaine (avec équipement de protection individuel), et de gérer les ordures ménagères liées à l’animal dans un sac dédié à apporter au vétérinaire.
Côté vétérinaire, en cas de consultation d’un animal appartenant à un malade, il faut porter un masque, des gants, une blouse à usage unique, nettoyer/désinfecter les zones de passage de l’animal et jeter tous les déchets médicaux dans des conteners dédiés.
Au 9 août 2022, 2601 cas d'infections au virus du Monkeypox ont été confirmés en France, dont 885 en Ile-de-France. 51 personnes (3%) ont été hospitalisées dont 43 pour complications. Aucun décès n’est à déplorer en France.
!!!!!! L'hypothèse d'infection canine a été invalidée par une 2ième série d'analyses. Voir le numéro 1955 de La Semaine Vétérinaire !!!!
Alerter la rédaction sur une réaction