Une analyse du Centre d’études et de prospective du ministère de l’agriculture pose la question du potentiel de développement de cette activité en France. Le développement de cette activité apparaît encore restreinte, d’autant que « la rentabilité de cette prestation est inférieure à la production de miel, ou d’élevage de reines ou d’essaims ».
Le service de pollinisation peut-il se développer au sein de la filière apicole française ? Pas à court terme, est-il estimé dans une récente note d’analyse du Centre d’études et de prospective du ministère de l’Agriculture.
Pourtant, selon cette note, la question de la pollinisation pour la sécurité de nos systèmes alimentaires, peut se poser eu égard du contexte « d’érosion rapide de la biodiversité et de diminution de certaines populations d’insectes ». Par ailleurs, selon des modélisations, un manque de pollinisation au niveau mondial pourrait induire une perte de 3 à 5% de la production de fruits, légumes et fruits à coque. Selon la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), la production de plus de ¾ des principales cultures vivrières du monde -équivalent de 35% des terres agricoles mondiales - vont bénéficier de la pollinisation animale.
12% d'exploitations apicoles impliquéesEn France, actuellement, cette activité est toutefois peu développée, à la différence par exemple des Etats-Unis, où le chiffre d’affaires annuel qui y est associé est de 250 à 320 millions de dollars, avec pour principal marché la culture des amandiers. Il y a peu de données en France sur la réalité de ce marché. Selon le recensement agricole, « près d’un millier d’exploitations possédant en 2020 un atelier apicole, ont proposé un service de pollinisation », soit 12% de l’ensemble des exploitations recensées, et plus de 70 000 colonies d’abeilles. Ce sont très majoritairement les colonies d’apiculteurs professionnels qui proposent cette prestation, notamment le sud-est le sud-ouest de la France. Par ailleurs, il existe d’autres professionnels qui proposent un service de pollinisation : il y aurait 5 entreprises spécialisées en France, qui travaillent notamment sur la pollinisation des tomates sous serres avec des bourdons. Pour les apiculteurs qui se lancent, cela permet de générer un complément de revenus en début de saison, « au mieux un 1/3 du chiffre d’affaires de l’exploitation apicole ».
Plusieurs limites au développementFinalement, « si le potentiel économique du service de pollinisation n’est pas négligeable », il y a plusieurs freins à son développement : une pénibilité de travail (accès aux parcelles agricoles), le chevauchement possible avec des miellées, la faible rentabilité par rapport à la production de miel ou l’élevage de reins ou essaims, et enfin la faible structuration du marché.
Pour l’auteur de la note, « il semble peu probable que cette activité connaisse en France, dans les prochaines années, un développement aussi marqué qu’aux États-Unis, en raison notamment de la structuration encore faible de ce segment de marché. Cette activité pose la question, plus largement, du rôle des pouvoirs publics en la matière, entre encouragement des apiculteurs à la développer et restauration de la diversité floristique des paysages ».