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Un outil de surveillance sonore pour les porcs d’élevage

Tanit Halfon

| 15.03.2023 à 16:04:00 |
© iStock-artbyPixel

Boehringer Ingelheim lance Soundtalks®, un outil d’enregistrement sonore pour les élevages porcins, couplé à un algorithme, qui permet d’alerter en temps réel en cas d’apparition de bruits respiratoires anormaux. L’objectif est de favoriser les interventions précoces pour réduire d’éventuels impacts sur les performances.

Le laboratoire Boehringer Ingelheim s’engage dans l’élevage de précision en filière porcine. Lors d’une conférence de presse le 9 mars 2023, a ainsi été annoncé le lancement de sa première innovation digitale basée sur l’intelligence artificielle pour le secteur, Soundtalk®. Cette innovation consiste en un dispositif d’enregistrement sonore, couplé à un algorithme, qui vise à détecter précocement les problèmes respiratoires chez les porcs.

Un score d’index respiratoire

Le principe est le suivant : le capteur sonore, équipé de six micros (protégés* par une « tablette », permettant de faciliter aussi le nettoyage) est installé dans le bâtiment d’élevage, à environ 2 mètres de hauteur. Le nombre de capteurs à installer dépend de la surface du bâtiment sachant que l’enregistrement des bruits respiratoires se fait dans un rayon de 10 mètres autour du moniteur. Ce capteur enregistre en continu (24/24, 7/7) avec des données qui sont transmises à un clound (Wifi). L’algorithme développé permet de calculer alors à partir des données collectées, un « index de santé respiratoire » (ISRe) : il s’agit d’un score qui va de 0 à 100, sur la base de la fréquence des bruits respiratoires (toux). Au final, il y a 3 niveaux possibles d’état de santé respiratoire, qui sont associés chacun à une couleur d’affichage sur le capteur : un niveau favorable en vert (Index>60), un niveau moyen en jaune (Index entre 40 et 60 - alerte), et un niveau mauvais en rouge (Index<40 – action immédiate). En plus de l’affichage lumineux facilement visible par les éleveurs, les données, et alertes jaunes ou oranges, sont visibles via une plateforme web et l’application associée. Le capteur mesure aussi la température, et l’humidité relative, et envoie des alertes de la même manière (niveaux jaune et rouge) en cas de variations importantes sur une journée.

Une détection précoce des signes respiratoires

Ainsi, l’éleveur est tenu informé en temps réel, et à distance, de l’état de santé respiratoire de ses animaux, ainsi que de l’ambiance des bâtiments d’élevage. Une étude menée par le laboratoire, en association avec l’IFIP-Institut du porc, a confirmé la bonne sensibilité du dispositif pour détecter des signes cliniques de toux provoqués par des agents pathogènes respiratoires (virus influenza, Mycoplasma hyopneumoniae, circovirus). De plus, l’analyse dans le temps des données permet de visualiser la progression de la toux entre les salles, montrant bien l’intérêt de détecter précocement un mauvais état de santé respiratoire, ce qui peut être limité lorsque cela repose sur la seule surveillance visuelle (et sonore) de l’éleveur. A bien noter : le dispositif ne permet pas de prédire la cause précise reliée aux signes respiratoires qui peut être d’origine infectieuse ou pas.

En gagnant en efficacité de détection, l’objectif sera de pouvoir intervenir plus vite, et éviter d’éventuels effets négatifs sur les performances. Selon une étude menée par le laboratoire, en post-sevrage, plus Soundtalks® reste au vert, plus faible est la mortalité ; le constat est le même pour la croissance (GMQ) en engraissement (corrélations).

Le vétérinaire peut avoir accès aux données, si son éleveur l’y autorise. Il pourra alors définir la marche à suivre, avec les éleveurs équipés, en cas d’alerte. La conduite d’élevage avec ce dispositif pourrait aider à limiter le recours aux traitements antibiotiques en réduisant les traitements de routine programmés.

Un capteur coûte 525 euros. Selon le laboratoire, il y a un retour sur investissement étant donné que l’outil permet d’intervenir plus tôt, et donc de retrouver plus vite la croissance, et éviter de la mortalité.

* L’appareil a un indice de protection de 54 (IP54 – niveau de protection contres les poussières et projections d’eau), ce qui est équivalent avec les ventilateurs installés dans les salles d’élevage.

Tanit Halfon

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