Un rapport de l’OMS pointe les pratiques commerciales néfastes pour la santé - Le Point Vétérinaire.fr

Un rapport de l’OMS pointe les pratiques commerciales néfastes pour la santé

Ségolène Minster

| 17.06.2024 à 15:52:00 |
© iStockphoto- sergeyryzhov

L’organisation mondiale de la santé (OMS) vient de publier un rapport qui dénonce les pratiques commerciales qui favorisent certaines maladies non-transmissibles dans la région européenne. L’industrie de la viande est citée pour ses pratiques.

Les maladies non-transmissibles sont responsables de 90% de la mortalité et 85% des années vécues avec incapacité. Dans la région européenne étudiée par l’OMS, deux tiers des mortalités avant l’âge de 70 ans sont causées par 4 familles de maladies non-transmissibles : les maladies cardiovasculaires, le cancer, les maladies respiratoires chroniques et le diabète. Les produits incriminés sont l’alcool, le tabac, la nourriture et les boissons transformés et les énergies fossiles. La région n’est pas sur les rails pour atteindre l’objectif de réduction des mortalités prématurées d’un tiers d’ici à 2025 par rapport à l’année 2010, et note des disparités régionales importantes. Les pays peinent à mettre en œuvre les politiques de prévention recommandées par l’OMS dans ce domaine. Si les raisons de ce retard sont multiples, le rapport pointe les interférences de l’industrie pour faire barrière aux politiques préventives : stratégies marketing qui augmentent l’exposition aux facteurs de risque et nuisent aux soins, lobbying, confusion de résultats de recherche. Les circonstances peuvent aussi favoriser les influences délétères :  structuration de l’industrie et pouvoir sur son marché, accords commerciaux internationaux, marché du travail en mutation, situations de crise et d’urgence...

L’exemple de l’industrie de la viande

Le rapport cite l’exemple de l’industrie de la viande, un marché dont la concentration des acteurs a significativement augmentée au cours des dernières années, les réduisant à 10 très grandes entreprises mondialement, qui ont une influence sur la production, le transport et le commerce de la viande. Ce sont, entre autres, JBS S.A (Brésil), Crown (Danemark), Tyson et Cargill (USA), et ils sont présents sur le marché européen en vendant de la viande, fraîche ou congelée, produite en Europe ou importée d’autres pays, tels que le Brésil et la Thaïlande. Le rapport de l’OMS indique que selon ses recherches, la concentration de ces firmes sur les marchés européens a empêché la baisse de consommation de viande, car elles peuvent exercer des influences sur toute la chaîne de marché, par exemple en imposant des prix bas aux producteurs. Cela a deux conséquences : les éleveurs doivent élever un grand nombre d’animaux pour répondre à la demande de ces géants et s’appuient sur les soutiens publics pour survivre. Le rapport indique que pour l’Union européenne, les revenus des éleveurs bovins reposent à 50% sur les soutiens publics. Cette industrie aurait également eu une vaste influence dans les politiques européennes (De la ferme à l’assiette, Pacte vert), dont les objectifs sont de rendre le système alimentaire plus juste, plus sain et plus durable, et prévenir l’apparition des maladies non-transmissibles. Le rapport indique que selon des analyses récentes, les deux tiers de la stratégie « De la ferme à l’assiette » ne seront pas implémentés avant la mise en place de la nouvelle commission européenne en novembre 2024. Par ailleurs des actions de lobbying intensif, d’intervention dans les médias ont été utilisées. Le rapport rapporte que ces actions ont permis de retarder ou d’édulcorer des mesures telles que les exigences de transparence sur l’étiquetage des produits et les risques pour la santé associés à l’agriculture intensive.

Le rapport appelle les acteurs politiques à prendre conscience de ces influences et prendre des actions pour en libérer l’environnement politique, ainsi que la société civile à défendre des réglementations protectrices plus strictes.

Lire le rapport OMS

Ségolène Minster

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