Un colloque organisé par l’Académie vétérinaire de France, la société centrale canine et le livre officiel des origines félines, a mis en avant l’intérêt de mettre en place sur le territoire français un réseau de veille sanitaire des carnivores domestiques. Si tous les participants étaient d’accord sur le principe, tout reste encore à faire dans la construction du réseau.
Le mercredi 21 octobre s’est déroulé, en visio, un colloque organisé conjointement par l’Académie vétérinaire de France, la société centrale canine et le livre officiel des origines félines, sur la question de la création du tout premier réseau de veille sanitaire des maladies contagieuses des carnivores domestiques. Comme l’a expliqué en introduction Jean-Luc Angot, président de l’Académie et inspecteur général de santé publique vétérinaire, il y a déjà des exemples de plateforme d’épidémiosurveillance, comme la plateforme ESA (épidémiosurveillance santé animale) qui s’occupe des animaux de rente, mais aussi de la faune sauvage, la plateforme de santé végétale et plus récemment la plateforme de sécurité sanitaire des aliments. « L’objectif est aussi de mettre en place une plateforme de surveillance et de veille sanitaire des animaux domestiques, avec deux notions importantes : la collecte des données sanitaires, et la mise en réseau », a précisé Jean-Luc Angot.
Plusieurs présentations se sont enchainées toute l’après-midi, afin de mettre à niveau l’ensemble des parties prenantes, sur ce qui se fait en matière de surveillance sanitaire, sur les caractéristiques des filières françaises canines et félines, et les conséquences potentielles sur ces filières d'une crise sanitaire, mais aussi sur les pathogènes d’intérêt qui pourraient rentrer dans le futur cadre de surveillance.
Des principes de fonctionnement
Parmi les conférenciers, Barbara Dufour, professeure d'épidémiologie à l’école nationale vétérinaire d’Alfort, a détaillé les principes à connaître avant de construire tout réseau, et surtout les conditions de sa survie. Un réseau est un ensemble de personnes ou d’organismes qui sont structurées pour assurer la surveillance épidémiologique sur un territoire donné, d’une ou plusieurs entités pathologiques, a-t-elle expliqué, en citant l’exemple du RESPE (réseau d’épidémio-surveillance en pathologie équine). Il y a aussi les dispositifs, qui assurent une collecte non structurée de données pouvant être utilisées dans la surveillance épidémiologique, comme par exemple la surveillance de la FCO. Pour les carnivores domestiques, elle estime qu'il serait nécessaire de fonder un réseau plutôt qu’un dispositif, en gardant bien en tête qu'un réseau est avant tout un réseau d'humains. Dans ce cadre, le poste d'animateur est essentiel.
Des exemples européens
La surveillance épidémiologique des carnivores domestiques est déjà mise en œuvre dans d’autres pays, et ont été présentées deux exemples, celui de l’initiative Savsnet (small animal veterinary surveillance network) de l’Université de Liverpool, et un autre projet déployé dans les pays du nord, en Norvège et en Suède. Pour le premier, il s’agit d’une collecte de données électroniques directement des cliniques vétérinaires (environ 65% des cliniques du Royaume-Uni - chats, chiens et autres espèces) et des laboratoires (environ 15% des cliniques). Plusieurs axes de recherche sont développés, comme le suivi de la résistance aux antibiotiques, le suivi de l’activité des tiques, ou encore la surveillance de maladies contagieuses. Ce système a par exemple permis de détecter un épisode étendu sur une grande partie du Royaume-Uni, de vomissements aigus. L’autre initiative d'Europe du nord, repose sur le même principe de collecte de données directement des cliniques vétérinaires. A la clé : un suivi en temps réel des pathologies sur le territoire, ce qui permet de générer des alertes épidémiques, ou encore de mieux connaître aussi les maladies des animaux. A ce jour, plus de 700 cliniques vétérinaires participent au projet, ce qui représentent 700 000 animaux (chats, chiens), et plus d'un million de diagnostic ont déjà été collectés. Pour les deux projets, des partenariats avec d'autres pays sont en cours, dont la France pour le deuxième.
Vers un réseau français
Pour les parties prenantes invitées au colloque, l’idée d’organiser un réseau de surveillance épidémiologique pour les carnivores domestiques en France est acquise. Tout reste cependant à faire, et la séance du 21 octobre était en quelque sorte une première séance de « brain storming ». En sont ressortis néanmoins quelques points clés. D’abord le fait qu’il ne fallait peut-être pas se limiter uniquement aux maladies infectieuses et notamment y inclure la question du bien-être animal. Qu’il fallait aussi bien définir les différents acteurs du futur réseau, sans oublier l’administration, mais aussi pourquoi pas y intégrer des acteurs de la santé humaine. Il faudra aussi bien hiérarchiser les axes de travail et définir les priorités. Enfin, la participation de partenaires privés, au côté de partenaires publics, reste encore à réfléchir, avec en toile de fond la question de l’usage des données. A ce sujet, Jacques Guérin, président du conseil national de l'Ordre des vétérinaire, a soutenu qu'il veillerait à ce que dans la gouvernance, il y ait des acteurs désintéressés au sens commercial du terme.
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Les conférenciers du colloque étaient les suivants : Paula Caceres Soto, épidémiologiste à l'Organisation mondiale de la santé animale; Barbara Dufour, professeur en épidémiologie à l'ENVA; Alan Radford, professeur à l'Université vétérinaire de Liverpool et porteur du projet Savsnet; Pierre Buisson, président général de l'Icad et Samy Ait Amar, chef de projet innovation à l'Icad; Jean-François Rousselot, président de l'AFVAC; Céline Dupuis, coordinatrice de la plateforme ESA; Sophie Le Poder, maître de conférence en virologie à l'ENVA; Frédéric Maison, membre du comité de la SCC; et Bernard-Marie Paragon, vice-président du Loof.
je me permets de commenter tardivement cette actualité afin d'obtenir peut-être un début de réponse sur un sujet qui me semble préoccupant : nous constatons actuellement dans la région de la clinique dans laquelle je travaille (Saint-Maur-des-Fossés dans le Val de Marne et a priori toute l'Ile-de-France) une épidémie de toux chez le chien. Nous évoquons le syndrome toux de chenil pour définir cette pathologie. C'est la première année que nous constatons une épidémie pareille. Les symptômes sont de la toux, parfois très intense, associée à des régurgitations, parfois une légère hyperthermie. Pour le moment cette maladie semble facilement réagir aux traitements, les chiens guérissent. Mais, en cette période de pandémie, ne serait-il pas intéressant de faire remonter cette information afin qu'elle soit discutée, centralisée voire analysée par des spécialistes ?
Par avance merci pour votre réponse
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