Une équipe de chercheuses de l’Université d’Helsinki développe une méthode de vaccination pour l’abeille domestique.
En juillet 2015, des chercheurs de l’Université d’Arizona (Etats-Unis), d’Helsinki (Finlande), de Jyväskylä (Finlande) et de l’Université norvégienne des sciences de la vie publiaient dans la revue PLOS Pathogens la découverte du mécanisme de transfert d’immunité de la reine aux oeufs, permettant la « vaccination » du futur couvain. Ce qui ouvrait la voix, selon les chercheurs, à la production de vaccins pour les abeilles. Aujourd’hui, c’est chose faite. L’Université d’Helskinki a ainsi annoncé fin octobre être en train de développer une méthode efficace de vaccination des abeilles domestiques. Nommé PrimeBEE, ce vaccin serait le tout premier du genre pour les insectes. Avec comme premier pathogène visé l’agent de la loque américaine, Paenibacillus larvae ssp. larvae. « Nous espérons pouvoir également développer une vaccination contre d’autres infections, telles que la loque européenne et les maladies fongiques, explique Dalial Freitak, une des chercheuses de l’Université ayant participé à ce travail, aux côté de Heli Salmela. Nous avons déjà débuté des premiers tests en ce sens. L’objectif étant d’être capable de vacciner contre n’importe quel agent pathogène. »
Une exposition alimentaire
Le principe du vaccin est simple. En effet, la reine peut potentiellement ingérer des agents pathogènes ramenés par les butineuses via la gelée royale. Bien que partiellement détruits dans le système digestif, des débris des parois cellulaires microbiens persistent. Ils sont stockés dans le corps gras et certains vont se fixer sur la vitellogénine qui y est produite. Cette protéine aux propriétés anti-oxydantes, sera ensuite distribuée aux œufs par la circulation sanguine, contribuant ainsi à un transfert d’immunité. La vaccination développée par l’équipe finlandaise consiste alors à nourrir la reine avec du sucre alimentaire contenant le vaccin*, sur une période de 7 à 10 jours. Actuellement, si l’innocuité du vaccin est encore en cours de test dans le laboratoire de l’Université, l’Université d’Helsinki espère pouvoir rapidement envisager un débouché commercial.
Une solution partielle ?
« Améliorer un peu la vie des abeilles aurait un grand effet à l’échelle mondiale, affirme la chercheuse. Bien-sûr, les abeilles font face à d’autres problématiques comme l’exposition aux pesticides ou la perte d’habitat, mais les maladies vont de pair avec ces problèmes de qualité de vie. » Si la solution reste incomplète pour lutter contre le déclin des abeilles, elle apparaît aussi étroitement liée à la qualité de l’environnement des colonies d’abeilles. En effet, une étude de 2017 menée par l’institut national de recherche agronomique, les instituts techniques agricole (Acta), et l’ITSAP-institut de l’abeille, avait montré que la vitellogénine renforçait la longévité des abeilles. Ainsi, cette protéine était associée à une augmentation de 30% de la probabilité de survie des colonies d’abeilles en hiver. Dans l’étude, les colonies présentant un faible taux de vitellogénine avait un taux de survie hivernale de 60% contre 90% pour celles présentant des taux élevés. Or, l’étude a montré que la production de cette protéine était liée à « la qualité de l’environnement dans lequel les abeilles se préparent à l’hiver, notamment la présence de couverts fleuris implantés par les agriculteurs en automne** et de ressources liées aux habitats ». L’effet le plus significatif a été obtenu avec les milieux naturels tels que les haies et les lisières forestières.
* Une dose de vaccin pèse entre 10 et 15 grammes.
** Cultures intermédiaires à base de plantes produisant du nectar et du pollen implantées dès le mois de septembre ( moutardes blanche et brune, trèfle d’Alexandrie, vesces pourpre et commune, phacélie, tournesol).