Benoît Quintard, directeur adjoint du parc zoologique de Mulhouse (Haut-Rhin), joue un rôle actif dans la sauvegarde de cette espèce menacée d’extinction.
Connaissez-vous le grand hamster d’Alsace, aussi appelé hamster d’Europe ? Seul hamster sauvage sur le territoire français, il est classé en danger critique d’extinction par l’UICN depuis 2020, après avoir été considéré comme nuisible des années 1930 à 1980, puis protégé depuis 1993 suite à la diminution drastique de ses représentants. Malgré ce statut, il s’agit toujours d’une espèce qui peine à survivre dans l’Est de la France où autrefois il abondait. Les programmes de protection mis en place sont fondés d’une part sur la préservation de son habitat, d’autre part sur son repeuplement. À cet effet, l’association Sauvegarde Faune Sauvage assure l’élevage et le relâcher chaque printemps de plus de 500 hamsters. Notre confrère Benoît Quintard, directeur adjoint du parc zoologique de Mulhouse (Haut-Rhin), est responsable du suivi sanitaire et logistique de cet élevage. A quelques jours de l’entrée en hibernation des futurs hamsters reproducteurs, il nous détaille son rôle.
Un cahier des charges précis pour les élevages de grand hamstersComme tout vétérinaire sanitaire, il a en charge les visites sanitaires et d’audit de l’élevage de Jungholtz (Haut-Rhin), la mise en place d’un cahier des charges conjoint avec les deux autres élevages français de grand hamster et ce dans les moindres détails, de l’environnement à l’alimentation et aux enrichissements proposés. Quelques semaines après les naissances (600 par an environ), il faut assurer sur le site de l’élevage le premier examen : sexage, identification par transpondeur, bilan médical avec examens complémentaires si besoin. Par la suite, les soins médicaux nécessaires seront effectués dans la clinique du parc zoologique de Mulhouse, pour des affections variées : éversion des abajoues, abcès, fractures…La surveillance des hamsters continue aussi après le relâcher : ainsi, une suspicion de teigne sur des individus libérés, visualisée par caméra-trappe, amène à rechercher une origine éventuelle de cette dermatose au sein même de l’élevage. C’est un travail complexe qui nécessite une bonne coopération entre les intervenants (élevage, praticien, CNRS, OFB…) et dont le relâcher des hamsters dans leur milieu naturel constitue l’aboutissement : notre confrère y assiste, non pas que sa présence soit indispensable, mais pour la beauté du moment, admiration partagée par les agriculteurs partie prenante de cette aventure qui y amènent aussi leurs enfants.
Cet aspect du rôle de vétérinaire en parc zoologique est peu connu, surtout s’agissant d’une espèce, certes emblématique de l’Alsace, mais bien moins « exotique » que d’autres. C’est un rôle primordial pour une espèce en voie d’extinction, loin de certaines pratiques de greenwashing que l’on peut prêter à certains établissements. Ici s’exerce de façon sincère une vocation et une volonté de préservation de la biodiversité, fût-elle locale et méconnue.